rue. Puis il ferma sa porte
et se verrouilla. Au point du jour, je vis sortir le bourreau. Je le
suivis... jusqu'a Montfaucon... Vingt minutes plus tard, je vis Magda
qui se balancait au bout d'une corde, tandis que le peuple poussait des
cris de joie tels que je les ai encore dans l'oreille...
--Et tes enfants? demanda Fausta. Stella? Flora?... furent-elles donc
pendues aussi?
--Non, rala Belgodere, elles ne furent pas pendues: elles furent
baptisees!...
--Eh bien, tu en as ete quitte pour les debaptiser?
--Je n'ai jamais su ce qu'elles sont devenues, gronda Belgodere. Le
lendemain de la scene de Montfaucon, j'appris que, par les soins du
bourreau, les enfants avaient ete remis a des familles charitables qui
acceptaient de les elever. Pendant trois mois je cherchai partout. Je
fouillai Paris. De mes deux filles, je n'eus aucune nouvelle.
--Et que fis-tu alors?
--Au bout de trois mois, j'allai retrouver le bourreau et je lui dis:
"Tu as tue celle que j'aimais. Et moi j'ai jure de te tuer a mon tour.
Mais, si tu veux me repondre, je te pardonnerai. Je te donnerai l'or que
j'avais amasse comme rancon de Magda. Je ferai plus: je m'engagerai a
ton service et serai le fidele serviteur, gardien de ta maison et de ta
vie. Dis, veux-tu me repondre?... Sais-tu ou sont mes filles?..." Et ce
fut pour moi une minute de joie delirante lorsque j'entendis Claude me
repondre: "Sans doute, puisque c'est moi qui les ai placees! Oh! tu peux
te rassurer, boheme, elles ont la chance d'etre adoptees par un tres
haut bourgeois..." Ces mots n'avaient aucun sens pour moi. Mais je me
disais: Cet homme a tue Magda. Mais c'est son metier. Je ne puis lui en
vouloir. Son metier n'est pas de desesperer un malheureux pere, il va
parler... Pour toute reponse, il me releva en me saisissant par les
epaules. Je criai grace et misericorde. Alors, il me dit: "Ecoute,
boheme, je devrais t'arreter et te conduire a, l'official. En te
laissant partir, comme je l'ai deja fait une fois, je manque a mon
devoir. Tes filles sont en bonnes, mains. Elles seront plus heureuses
qu'avec toi."--Je veux mes filles! Rends-moi mes filles.--"Allons,
dit-il sans colere et sans pitie, va-t'en..." Et, comme la premiere
fois, il m'empoigna et je fis le serment que Claude souffrirait
exactement ce que j'avais souffert.
--Le serment est beau, sans doute, dit froidement Fausta. Reste a
l'accomplir!
--Vous allez voir, dit Belgodere avec son rire terrible. Je n'etai
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