tion?
--Irrevocable, dit Charles d'une voix ferme et sombre. Pardaillan,
recevez ici mes adieux.
--Je veux bien, dit Pardaillan, en surveillant etroitement tous les
mouvements du jeune homme, je veux bien recevoir vos adieux. Mais, que
diable, est-ce donc une chose si pressee que de vous loger une balle
dans la tete ou dans le coeur? Je crois avoir ete pour vous un ami
fidele... Et si, a mon tour, j'ai besoin de vous!... Si je viens faire
appel a votre amitie!
--Parlez donc, chevalier... je suis pret. Qu'exigez-vous de moi?
--Rien, ou presque rien: d'attendre a demain pour me faire les adieux en
question.
Charles reposa sur la table le pistolet qu'il avait saisi. Pardaillan
s'en empara aussitot.
--Chevalier, dit le duc d'Angouleme, je comprends l'effort supreme que
tente votre amitie. Vous esperez, en gagnant du temps, me rattacher a la
vie. Detrompez-vous. J'aimais Violetta, reprit-il avec une exaltation
croissante, vous ne pouvez savoir ce que cela signifie, vous qui n'avez
pas les sentiments de tout le monde, et qui peut-etre n'avez jamais
aime... Je n'etais plus en moi, j'etais en elle. Sa mort est donc ma
mort. Je vous disais que je souffre. C'est faux. La verite est que je ne
vis plus. Chevalier, c'est tout de suite que je dois mourir.
Pardaillan saisit les poignets du jeune homme. Une violente emotion
s'emparait de lui.
Il comprenait que Charles, arrive au paroxysme de la douleur, allait
se tuer. Coeur faible, si tendre et si pur dans cette toute premiere
jeunesse. Charles succombait au premier coup du malheur. Pardaillan le
vit perdu.
--Mon ami, murmura-t-il d'une voix tremblante, mon enfant, vivez pour
moi qui ne suis plus attache a la vie que par une vieille haine et qui,
depuis que je vous connais, ai fait ce reve de m'y attacher encore pour
une affection!
Charles secoua la tete et son regard mome se fixa sur le pistolet.
--Il le faut donc! fit Pardaillan.
Il avait une nature trop absolument eprise d'independance, un ami trop
sur, une conscience trop libre, un esprit trop large: l'idee ne pouvait
lui venir de s'opposer par la force au geste supreme qui allait delivrer
son ami.
--Adieu, Pardaillan, dit Charles d'une voix ferme.
Pardaillan deposa le pistolet sur la table. A cet instant tragique la
porte s'ouvrit, Picouic entra et cria:
--Monseigneur, il est retrouve! Il est revenu! Il est la!...
--Qui ca? hurla Pardaillan. Qui est revenu? Qui est la?...
--Moi! fit une voi
|