s pas
presse. J'eusse pu tuer Claude, mais cela me paraissait insuffisant. Je
m'attachai donc a ses pas. Je le suivis partout ou il allait. Et
c'est ainsi que je sus qu'il avait une fille, et que, cette fille, il
l'aimait, il l'adorait, comme j'avais aime, adore ma Stella et ma Flora.
Le jour ou j'eus cette certitude, madame, je faillis devenir fou de
joie... Comme moi, Claude aimait! Comme moi, Claude allait souffrir. Et
comme mes filles a moi, la sienne allait vivre avec des etrangers, d'une
autre race et d'une autre religion... Cette fille, madame, c'etait
Violetta...
--Violetta, c'est la fille de Claude?
--Sans doute! L'eusse-je haie sans cela? En elle, c'est Claude que je
hais. Mais pourquoi me demandez-vous cela?
--Pour etre bien sure que Violetta, c'est la fille de Claude.
--J'en suis sur. Je ne tardai pas a m'apercevoir que le bourreau avait
une vraie passion pour son enfant. C'est donc dans l'enfant que je
resolus de le frapper. Malheureusement, je vis un jour que j'etais
suivi: je dus fuir, quitter la France. J'attendis patiemment le temps
necessaire pour etre oublie. Au bout de quelques annees, je revins: mon
amour etait mort, mais je revenais affame de vengeance.
Belgodere frissonna. Fausta le contemplait.
"Je m'emparai donc de Violetta, poursuivit le bohemien. Elle etait sous
la garde d'une femme nomme Simonne. Pour que cette femme ne put me
denoncer, je m'en emparai egalement. Puis je les fis partir dans la
direction de la Bourgogne. Quant a moi, je demeurai a Paris pour juger
du coup que j'avais porte. Il etait terrible, et je rejoignis ma troupe.
J'avais mon idee sur Violetta.
--Que voulais-tu donc en faire? demanda Fausta.
--Quelque chose comme une ribaude que j'eusse un jour livree a quelque
seigneur. Alors, je me fusse presente devant Claude pour lui dire: "Tu
m'as vole mes filles, j'ai vole la tienne. Tu as fait de Flora et de
Stella des chretiennes, j'ai fait de Violetta une ribaude." Et, alors,
je l'eusse tue... A Orleans, ou je m'arretai assez longtemps, je
vis qu'un puissant et beau seigneur rodait autour de la petite. Je
m'informai. J'appris que, cet homme, c'etait le duc de Guise. Je vins
donc a Paris, et ma bonne etoile voulut que je rencontrasse le duc aux
portes de la ville. Je le vis plus amoureux que jamais: je convins
d'un bon prix, ce qui ne gatait rien dans mon affaire, et je livrai
Violetta... Seulement, a partir de ce moment, les choses s'embrouillent:
croyant condui
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