pouvait etre mortel.
On avait fouille le moulin et le logis du meunier, on avait creuse la
terre, sonde les murs, et on n'avait retrouve aucune trace des precieux
sacs qui pourtant existaient!... Donc, Pardaillan avait fait partir
l'argent!... Pourquoi?
Quoi qu'il en fut. Guise etait frustre, vole!... Et ou etait ce
Pardaillan, a cette heure? Qui pouvait le dire?...
Comme Maineville venait d'achever son recit, et que Guise roulait ces
diverses pensees, le valet entra pour la troisieme fois et remit une
lettre au duc qui, ayant examine la suscription, se hata de briser le
cachet. Les trois courtisans virent alors un livide sourire passer sur
le visage du duc et ils l'entendirent murmurer:
--Nous le tenons!...
Cette lettre etait de Fausta!... Et Fausta, prevenue elle-meme par
Claudine de Beauvilliers, annoncait au duc que Pardaillan et Charles
d'Angouleme se trouvaient a Paris.
"Demain, ajoutait la princesse en terminant, demain je vous dirai
l'endroit exact ou vous pourrez saisir cet homme."
--Tu disais, demanda Guise a Maurevert, que ton ami Pardaillan se trouve
encore a Paris?
--J'en repondrais! repondit Maurevert en frissonnant.
--Eh bien, tu as dit la verite... Cette fois, je pense qu'il ne nous
echappera pas. Et pour commencer, Maurevert, ordre a toutes les portes
de Paris de ne plus laisser passer ame qui vive. Va, et fais diligence.
Maurevert s'elanca, et, donnant des ordres a son tour, expedia sur tous
les points de Paris des messagers porteurs de la decision ducale. Moins
d'une heure plus tard, toutes les portes de la ville se fermaient, tous
les ponts-levis se levaient et le bruit courait dans Paris enfievre
que l'armee de Henri III, unie a celle du roi de Navarre, avait ete
signalee.
Dans le cabinet du duc de Guise, Maurevert, Bussi-Leclerc et Maineville
faisaient des projets au sujet des supplices reserves a Pardaillan
arrete.
XXIX
LA VIERGE GUERRIERE
Nous sommes au soir de cette meme journee. Au fond de son mysterieux
palais, Fausta est assise a une table sur laquelle est etalee la lettre
de l'abbesse Claudine de Beauvilliers. Elle a revetu un costume de
cavalier tout en velours noir sur lequel se detache la jaquette de cuir
fauve, souple cuirasse assez fine pour modeler les contours de cette
magnifique statue, assez forte pour defier la pointe d'une dague.
Un loup de velours couvre le visage de Fausta. Une epee est attachee
a son baudrier, une veritable rapiere, longue
|