avant, etait enfermee Violetta.
--Qu'est-ce que cette fille que je dois maintenant surveiller? Du diable
si je comprends quelque chose en cette affaire?... Croasse! Que veut la
Signera Fausta? Ou me conduit-elle?... Bah! Je vais le savoir tout a
l'heure sans doute... Croasse! Croasse veillera sur la petite en mon
absence... Croasse!...
A ce troisieme appel. Croasse ne repondit pas plus qu'aux deux premiers.
--Tu dors, gronda Belgodere, tu as l'audace de dormir pendant que je
travaille! Attends un peu, miserable, je viens, va, ne te derange pas...
En grommelant ces amenites, le bohemien avait saisi le fameux gourdin
avec lequel Croasse avait fait si ample connaissance, et, sans hate,
montait l'echelle qui aboutissait a la soupente. La, il eut une
exclamation de rage: pas de Croasse! Croasse avait disparu. Belgodere
ne s'en inquieta pas outre mesure. Il reflechit que cette nouvelle
prisonniere dont il ne savait pas le nom ne pourrait s'evader de si tot,
et, sans prevenir l'abbesse, alla retrouver les cavaliers de Fausta qui
l'attendaient pour le ramener au palais de la Cite. Une heure plus tard,
Belgodere entrait dans la mysterieuse maison ou, le lendemain soir de
son arrivee a Paris, il avait conduit Violetta, croyant la livrer au duc
de Guise.
XXXII
LE SECRET DE BELGODERE
FAUSTA attendait le bohemien dans cette piece ou nous avons deja
introduit nos lecteurs et ou ses deux suivantes favorites, Myrthis et
Lea, s'occupaient a lui preparer une boisson reconfortante. En entrant,
et tout en s'inclinant, Belgodere loucha fortement vers ces preparatifs.
--Qu'on apporte du vin, dit Fausta en surprenant ce regard.
Elle fut obeie immediatement.
L'oeil de Belgodere petilla. Il se versa une rasade et l'avala d'un
trait.
--Eh bien, reprit Fausta en trempant elle-meme ses levres dans le verre
de cristal que lui presentait Myrthis, tu disais donc que tu avais une
interessante histoire a me raconter?
--Heu!... C'est l'histoire de beaucoup d'entre nous autres, pauvres
bohemiens chasses, traques, pendus. Cent fois, vous avez du entendre la
pareille sans vous en emouvoir.
--Raconte donc, dit Fausta. Si une injustice a ete commise a ton egard,
peut-etre puis-je la reparer...
--Trop tard! dit sourdement Belgodere.
--Si tu as garde une haine contre ceux qui t'ont fait du mal, tu sais
que je puis t'aider.
--Oui, dit alors Belgodere. Vous pouvez completer ma vengeance. Vous
etes forte et puissante. Par
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