nt le
recit de Mariange, la felicita de sa vigilance et murmura:
--Au fait, voila une messagere toute trouvee...
Alors, a la lettre qu'elle venait d'ecrire, elle ajouta un long
post-scriptum. Puis, ayant plie et cachete sa missive, elle se tourna
vers Mariange et dit:
--C'est un grand service que vous venez de nous rendre, ma soeur. Il
faut que vous en soyez recompensee. Prenez donc cette lettre; celle a
qui vous allez la porter vous recompensera mieux que je ne pourrai le
faire. Seulement prenez garde que, si vous perdiez cette missive ou si
quelqu'un vous l'enlevait, ce serait un grand malheur pour moi, donc
pour l'abbaye, donc pour vous-meme.
Et elle se hata de donner a Mariange les instructions necessaires pour
que la lettre put parvenir a destination.
L'adresse etait ainsi concue:
"A Madame la princesse Fausta, en son palais."
XXVIII
CONSEIL DE GUERRE
Cependant Paris s'agitait. La noblesse, etonnee de l'inertie de Guise,
commencait a prendre peur. On se repetait sous le manteau que le chef
supreme de la Ligue trahissait.
Les bourgeois, de leur cote, recommencaient les patrouilles armees et
faisaient entendre des murmures precurseurs de l'emeute.
Le lendemain de ce jour ou soeur Mariange fut chargee par Claudine de
porter une lettre a Fausta, l'agitation etait a son comble. Vers quatre
heures de l'apres-midi, le duc de Guise etait enferme dans son cabinet
avec Maurevert. Le duc se preoccupait fort peu de l'emotion des
Parisiens; il savait qu'il n'avait qu'a parler pour etre acclame.
Guise etait sombre. Pour lui, comme pour Charles d'Angouleme, Violetta
etait perdue. Il allait et venait dans le vaste et somptueux salon qui
lui servait de cabinet. La tete penchee sur la poitrine, il n'ecoutait
Maurevert que d'une oreille distraite. En effet, Maurevert lui rendait
compte de l'etat de Paris, de la colere qui commencait a gronder, de
l'impatience des bourgeois, des soupcons de plusieurs gentilshommes
qu'il nommait...
Pourtant Guise dressa tout a coup les oreilles et s'arreta devant
Maurevert, lorsque celui-ci en vint a prononcer un nom. Ce nom, c'etait
celui du chevalier de Pardaiilan.
--Eh bien? dit-il, l'as-tu retrouve?
--Helas! non, monseigneur.
--Et le batard d'Angouleme? reprit Guise.
--Monseigneur, si nous retrouvons le Pardaillan, nous mettons du meme
coup la main sur Charles.
--Ah! continua amerement le duc, si tu haissais cet homme, ce miserable
Pardaillan, comme je
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