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Charles, d'un signe, lui montra Saizuma.
--Sa mere! murmura le jeune homme.
Il se rapprocha vivement de Saizuma.
--Madame, dit-il avec douceur, voulez-vous venir avec moi?...
Saizuma, un instant, le considera avec attention.
--Je veux bien, dit-elle enfin. Je ne vois rien dans les lignes de votre
visage qui m'inspire defiance ou epouvante.
Pardaillan, prenant la main de la bohemienne, la mit dans celle de
Charles qui tressaillit douloureusement. Et il marcha en avant...
Dehors, il retrouva Picouic, fidele a son poste sur la breche. Quant a
Croasse, il avait disparu.
Ce fut a ce moment que soeur Mariange, ayant trouve le pavillon vide,
alla voir sur la breche. Elle regarda au loin et ne vit personne. Mais
Mariange etait obstinee. Elle croyait avoir trouve une occasion de
faire fortune et elle etait decidee a ne pas la laisser echapper. Elle
commenca donc a descendre precipitamment les pentes de la colline, se
dirigeant vers la Grange-Bateliere. Et, lorsqu'elle fut arrivee a deux
cents pas des murs de Paris, elle eut la satisfaction d'apercevoir un
groupe qui s'enfoncait sous la porte Montmartre; dans ce groupe, elle
reconnut aussitot la bohemienne a son manteau bariole.
Soeur Mariange, sans hesitation, se mit a courir de ses petites jambes
courtaudes et s'engouffra a son tour sous la porte. Elle arriva a temps
pour voir Saizuma, toujours escortee de Pardaillan et de Charles,
tourner a gauche et entrer dans une auberge. Comme elle ne savait pas
lire, elle ne put en dechiffrer l'enseigne. Alors, elle interrogea une
femme.
--La Deviniere... bon!... grommela-t-elle en enfoncant ce nom dans sa
memoire.
Soeur Mariange se mit alors a faire les cent pas, reflechissant sur
cette aventure. Devait-elle parler a ces etrangers comme elle en avait
eu l'intention?... C'etait peut-etre un moyen de gagner de l'argent,
mais aussi de s'attirer la colere de l'abbesse.
--J'ai trouve, fit-elle tout a coup. D'apres tout ce que j'ai pu voir
et entendre, l'abbesse a un gros interet a ne pas perdre de vue cette
bohemienne du diable. Alors, moi, je lui revele la retraite de la
bohemienne et, comme recompense, je demande dix ecus d'or... au moins!
Ayant ainsi combine son petit plan, elle reprit en hate le chemin de
l'abbaye et, y etant parvenue, se presenta aussitot devant l'abbesse
qui venait de recevoir la visite de Belgodere et qui, a ce moment meme,
achevait une lettre. Claudine de Beauvilliers ecouta attentiveme
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