nt etonnee. Seulement, tandis que les soeurs se retiraient,
elle dit:
--Le jour est proche, madame l'abbesse, ou vous pourrez rebatir le
temple qui abrite ces saintes filles. N'oubliez pas qu'un revenu de cent
mille livres est assure a votre couvent, du jour ou nos projets auront
ete benis par Dieu.
L'oeil de Claudine etincela. Fausta, deja, s'etait tournee vers Saizuma
et l'examinait en silence. La bohemienne s'approcha d'elle, lui prit la
main, et lui dit de sa voix morne;
--Voulez-vous savoir votre bonne aventure?
--Non, dit Fausta. Mais, si tu veux, je te dirai la tienne. Car je sais
lire dans la main les evenements passes.
Saizuma considera avec etonnement la femme qui lui parlait ainsi avec
une douceur d'accent qui fondai son coeur et une autorite qui la
subjuguait. Elle demanda:
--Qui es-tu? Es-tu de Boheme comme moi?...
--Peut-etre, dit Fausta. Mais, puisque je te parle a visage decouvert,
ne peux-tu retirer ton masque?
--Mon masque est rouge, mais, si je le retire, on verra que mon visage
est pourpre de honte. Tous ceux qui etaient dans l'eglise cathedrale sur
la place de Greve m'ont vue...
--L'eglise cathedrale! murmura Fausta en tressaillant. La place de
Greve!... Oh! serait-ce bien elle?...
--Et puis, peut-etre tu redouterais d'etre reconnue par le bourreau?
ajouta-t-elle, etudiant l'effet de ses paroles.
--Le bourreau n'est rien, dit Saizuma. Il ne m'a pas fait de mal. Il n'a
pas broye mon coeur. Celui que je redoute, c'est l'imposteur qui a tue
mon ame...
--Le nom de cet imposteur? dit Fausta en suivant avec une attention
passionnee l'effet de ses paroles.
--Il est la! repondit Saizuma, en posant la main sur son sein. Nul ne le
saura.
--Eh bien, je le sais, moi!...
Saizuma eclata de rire. Fausta saisit sa main, l'ouvrit, y jeta un
regard, et d'une voix imperieuse:
--Les lignes de ta main m'ont revele ta vie passee...
Saizuma retira violemment sa main et la referma dans un mouvement de
terreur convulsive.
--Je sais que c'est au pied de l'autel que ton coeur a ete broye par
l'eveque... Celui que tu aimais! Jean de Kervilliers!
Saizuma jeta un cri de detresse et tomba a genoux.
--C'est elle! C'est bien elle! murmura Fausta.
Et elle se pencha vers la bohemienne pour la relever. A ce moment, la
porte s'ouvrit. Fausta vit entrer maitre Claude... Elle ne fremit pas.
--Que viens-tu chercher ici? demanda-t-elle avec hauteur.
--Vous! repondit Claude.
--Parle d
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