'un mur; il saisit
Bussi-Leclerc par le bras et lui souffla a l'oreille:
--Il y a la une porte de communication...
Ils s'approcherent de ce rayon de lumiere pale, dans l'intention non
pas d'ouvrir, mais d'ecouter. Mais, en touchant la porte, Bussi-Leclerc
s'apercut qu'elle etait simplement poussee. Avec des precautions
infinies, il l'attira a lui: la porte s'ouvrit sans bruit... Les deux
hommes s'accroupirent sur le haut de l'escalier et purent alors dominer
la salle. Et, alors, ils tressaillirent d'etonnement. Un etrange
spectacle s'offrit a leurs yeux.
Assis a une table, le chevalier de Pardaillan et le duc d'Angouleme
devoraient a belles dents un superbe jambon, tandis qu'un pate attendait
son tour et que Picouic versait a boire!... Le long d'un mur etaient
rangees, en bon ordre, une douzaine d'arquebuses toutes chargees. Sur
une table voisine, s'alignaient plusieurs pistolets. Tout en mangeant
et en buvant, Pardaillan et Charles continuaient une conversation deja
commencee.
--Des demain matin, disait le chevalier, nous irons visiter ce couvent.
Il faudra bien que la bohemienne parle, et nous finirons par savoir ce
qu'est devenue votre jolie petite Violetta... Allons, soyez gai, mon
prince...
--Ainsi, Pardaillan, dit le duc d'Angouleme, vous pensez que cette
Saizuma en sait plus long qu'elle n'a voulu d'abord vous en dire?...
--J'en suis sur, dit Pardaillan. Et voila maitre Picouic qui, ayant vecu
avec elle, vous dira... tiens! tiens!
Ces derniers mots, le chevalier les avait prononces au moment ou il se
renversait sur le dossier de son siege, pour examiner a la lumiere la
couleur du vin qu'il allait boire. Dans ce mouvement, sa tete s'etait
levee et ses yeux avaient rencontre, au haut de l'escalier de bois,
Maineville et Bussi-Leclerc. Pardaillan se mit a rire et designa les
deux hommes a Charles, qui bondit sur son epee.
--Messieurs, dit Pardaillan, si le coeur vous en dit, je vous invite!...
Maineville et Bussi-Leclerc etaient braves. Ils n'avaient devant eux que
trois hommes; la meme idee leur vint: s'emparer de Pardaillan et de ses
deux compagnons, les amener pieds et poings lies au duc de Guise.
Ils se leverent, saluerent et Maineville dit poliment:
--Monsieur de Pardaillan, ce sera avec plaisir que nous trinquerons
avec vous si vous voulez porter la sante de M. le duc de Guise et nous
accompagner ensuite aupres de lui.
Charles voulut s'elancer. Mais Pardaillan le retint.
--Monsieur
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