it et cria:
--Nous sommes trois, monseigneur!... Et c'est bien assez, savoir: le duc
d'Angouleme, qui attend avec impatience la rencontre que vous lui avez
promise; le sieur Picouic, baladin de son metier, et, enfin, votre
serviteur, chevalier de Pardaillan.
Et il referma tranquillement la fenetre.
--Oui, au revoir! gronda Guise, pale de fureur.
Et il donna ses ordres. Avec les forces dont il disposait, il forma un
large cercle de surveillance autour de la butte; chaque homme avait pour
mission de surveiller, et non de se battre; il devait surtout prevenir
le cas ou on tenterait de faire sortir du moulin tout bagage qui
ressemblerait a des sacs de ble. Puis, il expedia un sergent a Paris.
Deux heures plus tard, ce sergent revenait, annoncant que les ordres
du duc allaient s'executer, c'est-a-dire qu'une troupe de mille
arquebusiers allait arriver.
Pendant ces deux heures, Pardaillan et ses deux compagnons s'etaient
fortement barricades. Maurevert fremissait de joie: il tenait enfin
l'ennemi tant redoute et disait au duc:
--Monseigneur, vous m'avez promis deux cent mille livres sur le butin
que vous allez faire? Je veux vous proposer un echange: gardez les deux
cent mille livres et donnez-moi l'homme qui vient de vous parler avec
tant d'insolence.
--Je te comprends, Maurevert, dit Guise, tu hais cet homme. Mais, moi
aussi, je le hais. Et nous avons un vieux compte a regler. Cela date
de l'hotel Coligny... Seulement, si tu veux te contenter de cent mille
livres, ce qui est encore un joli denier, tu auras permission d'assister
a l'entretien que j'aurai avec le Pardaillan, des que nous l'aurons pris
dans son terrier.
--Peste, monseigneur, c'est cher, ce sera donc bien beau?
--Je te le jure, gronda Guise.
XX
L'ATTAQUE DU MOULIN
Pendant que Guise attendait les mille hommes de renfort demandes
et echangeait avec Maurevert ces macabres faceties, Maineville et
Bussi-Leclerc s'approchaient en rampant du moulin, resolus qu'ils
etaient a connaitre le nombre exact des assieges.
Tout etait silencieux et obscur dans le moulin. Mais, dans le logis, une
fenetre etait eclairee. Ce fut donc par l'echelle du moulin que les deux
hommes se dirigerent; bientot, ils eurent atteint l'etage ou se trouvait
la meule.
En quelques minutes, ils eurent parcouru le moulin et furent convaincus
qu'il ne s'y trouvait personne. Ils allaient donc redescendre, lorsque
Maineville apercut un leger rai de lumiere au pied d
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