elative au bannissement de ma famille,
apportaient des restrictions penibles a mon joyeux enthousiasme; mais
l'un de ces faits expliquait l'autre. Sans rapporter implicitement cette
loi, le gouvernement de la Republique ne pouvait m'admettre dans un
regiment francais. Faire cesser decidement notre exil, cela n'entrait
pas encore dans ses vues; je ne discuterai pas le merite politique de
son appreciation, mais je dois loyalement reconnaitre que tout esprit
de haine ou d'antipathie etait bien loin de la pensee de ses honorables
membres a cet egard. Le jour ou Louis Blanc m'annonca ma nomination[l]
fut un des plus beaux jours de ma vie; j'allai le remercier avec
effusion, ainsi que ses collegues, et quels qu'ils soient maintenant,
membres de l'Assemblee Nationale, simples citoyens, proscrits, helas! ou
captifs, ils ont en moi un coeur ami et reconnaissant.
[Note 1: Voyez sa lettre aux Pieces justificatives.]
Bien avant la revolution, j'avais eu l'honneur de connaitre
particulierement Marrast, Cremieux, et Lamartine, dont la famille est
alliee de celle de ma mere. Pouvais-je douter de l'amitie de Cremieux,
dont la voix eloquente et genereuse s'etait elevee si souvent en faveur
des proscrits de mon nom? Flocon et Arago m'avaient accueilli avec une
bienveillance toute fraternelle. Ledru-Rollin m'a exprime cordialement,
en termes flatteurs, le regret de n'avoir pu me faire entrer au service
d'une maniere plus complete. Et si des considerations etrangeres a ma
personne ne les avaient arretes, il est certain que le Gouvernement
provisoire ou la Commission executive n'eut pas tarde a naturaliser mon
grade.
Je sais que des adversaires de ma famille, ou personnels, ont parle de
la loi du 14 avril 1832, dont la prescription principale est qu'on ne
peut obtenir d'emploi dans l'armee, si on n'a satisfait a la loi de
recrutement, ou si on ne sort pas d'une ecole militaire. Mais, de bonne
foi, cette these etait-elle soutenable a mon sujet? Comment aurais-je pu
remplir les conditions de la loi, si j'etais dans l'exil? Sans doute,
et a part la periode d'omnipotence dictatoriale, ou le Gouvernement
provisoire concentrait dans ses mains tous les pouvoirs, un decret de
l'Assemblee eut ete rigoureusement necessaire. Mais si, dans un moment
opportun, le gouvernement, quel qu'il fut, l'avait propose, peut-on
supposer que les representants du grand peuple qui, en rappelant les
proscrits, a place l'un d'eux a sa tete, ne l'eussent pas rendu?
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