de palmiers charges
de leurs regimes dores, que nous atteignimes le village et la casbah,
residence du commandant superieur. De nombreux Arabes des deux sexes
cueillaient paisiblement les dattes, sans avoir l'air de songer a la
lutte mortelle dont le bruit pouvait retentir jusqu'a eux, engagee
qu'elle etait a quelques lieues de la, entre leurs coreligionnaires et
nous. C'est le caractere de ce peuple de ne se prononcer qu'au moment
d'agir, et ce n'est pas un mince avantage pour lui, dans la condition
d'inferiorite ou il se trouve.
Grace toujours a la prevenante courtoisie de M. le colonel Carbuccia,
le logement qu'habitait de son vivant M. de Saint-Germain fut mis a ma
disposition. La casbah etait remplie de blesses et de malades, a qui
le capitaine Bouvrit, commandant superieur, et nos officiers de sante
prodiguaient les soins les mieux entendus. J'allai porter a ces braves
l'expression de ma sympathie, et comme representant du Peuple, celle
du pays tout entier. Parmi eux, je serrai la main, avec une profonde
emotion, au commandant Guyot du 43e de ligne, fils du general comte
Guyot, et filleul de l'empereur. Ma presence parut produire sur lui une
vive impression; bien qu'il fut dangereusement blesse, je ne prevoyais
pas alors la catastrophe qui devait terminer sa noble existence et
replonger dans le deuil une famille qui a si largement paye sa dette a
la patrie.
A Biscara, je rencontrai egalement M. Seroka, jeune officier de la
Legion, dont j'ai deja parle, et qu'un bonheur inespere me faisait
trouver en pleine convalescence, bien qu'il eut eu le cou traverse d'une
balle, de la meme balle qui avait frappe le colonel du genie Petit, dont
toute l'armee deplore la perte.
Le lendemain au matin, avec une escorte d'une vingtaine de chasseurs, je
partis pour le camp du general Herbillon. Desormais, nous voyagions dans
le Sahara. Le sable, ou nos chevaux enfoncaient parfois jusqu'au genou,
nous l'aurait dit assez, a defaut de l'aspect tout different du pays.
Zaatcha se trouve a sept ou huit lieues de Biscara. Nous avions tourne
a l'ouest; a gauche nous apercevions le desert, dont la monotonie n'est
interrompue que par les palmiers des oasis se montrant de temps en
temps a l'horizon. A droite, l'extreme Atlas eleve, comme une enceinte
continue du Tell, sa croupe decharnee et depourvue de toute vegetation,
etayee, en guise de contre-forts, par d'enormes masses de sable que le
sirocco y amoncelle.
A une lieue du camp, j
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