dont
l'accomplissement eut compense, pour moi, l'inconvenient de servir au
titre etranger. Je veux parler du commandement de compagnies d'elite,
qu'on m'avait assure a Paris, et au sujet duquel aucun ordre n'avait
ete transmis ni a Alger, ni a la colonne. D'autre part, des bruits
offensants, universellement repandus au camp, et dont on pourrait
trouver la source dans les lettres de personnes occupant de hautes
positions, me designaient comme _envoye en punition en Afrique_ (je dis
le mot comme on me l'a repete, quelque impertinent et stupide qu'il
soit). Sans doute, c'etait le dernier degre de l'absurdite que de
supposer qu'un homme honore d'un mandat souverain et inviolable put etre
envoye en punition par qui que ce soit; mais, si on reflechit bien, on
comprendra la creance que jusqu'a un certain point pouvaient obtenir des
inventions par lesquelles on me representait comme l'objet d'une sorte
de disgrace domestique, fondee sur mes opinions peu gouvernementales. Ce
qui me paraissait ajouter du poids a ces manoeuvres, c'etait la nouvelle
que, sans doute, on ne se serait pas amuse a repandre gratuitement,
qu'apres la campagne on me destinait au commandement du cercle
de Biscara, comme si dans l'etat actuel des choses ces fonctions
permanentes avaient pu me convenir, et comme s'il avait dependu de
quelqu'un, sous quelque pretexte que ce fut, de me releguer, sans me
consulter, au fond du Desert, en echange du poste legislatif que la
sympathie et la confiance de deux departements m'ont assigne.
Indigne d'etre ainsi traite par ceux-la memes a qui j'etais le plus
dispose a me devouer, rebute par d'aussi nauseabondes menees, la
cordialite de mes chefs militaires, et en general de tous les officiers
du camp, ne modifia point mon projet primitif. Decide a partir, j'en
avais parle a mon colonel et au general, lorsque celui-ci voulut bien
me charger, pour M. le general Charon, d'une mission indiquee dans une
depeche qu'il me fit l'honneur de me communiquer, et qu'il me confia, le
29 au soir, avec l'ordre qu'on peut voir aux Pieces justificatives. Le
but principal de cette mission etait de hater l'arrivee des renforts
qu'il attendait, et qui, demandes par la voie de terre au moment ou les
communications n'etaient rien moins que sures, auraient pu tarder
encore longtemps a le rejoindre, sans la diligente prevoyance de M. le
gouverneur general.
M. le general Herbillon, aux eminentes qualites duquel je serai toujours
heureux de r
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