endre hommage, malgre l'oubli ou il m'a laisse dans son
rapport d'ensemble, a ete, pour moi, spontanement bienveillant; je
ne doute pas qu'il me rendra la justice de rappeler, au besoin, la
resolution que je lui manifestai de ne pas partir, malgre les graves et
nombreux motifs que je lui exposai, dans le cas ou, contrairement a ce
qu'il avait decide pour lors, un assaut eut ete a prevoir dans un delai
rapproche. C'est ici l'endroit de repondre a certaines gens qui auraient
du s'informer au moins des faits, des distances, des dates, avant
d'insinuer cette outrageante assertion que j'aurais quitte la colonne
la veille d'un assaut. D'assaut il n'etait pas question alors; il a
ete livre un mois apres, et il est a presumer que je ne m'y fusse pas
trouve, quand meme j'aurais ete encore en Afrique, mon regiment ayant
ete dirige sur Biscara quinze jours avant la prise de Zaatcha.
Un autre propos infame, dont personne n'a ose prendre vis-a-vis de moi
la responsabilite, mais que j'ai appris avoir ete tenu tout bas, un de
ces propos qui ne seraient que ridicules, s'ils n'etaient odieux, c'est
celui qui attribuait mon depart _a ma crainte du cholera_. En verite,
on rougit de s'arreter a des accusations anonymes aussi saugrenues, et
c'est se ravaler que d'y repondre, mais il n'est peut-etre pas superflu
que mes charitables Basiles sachent:
D'abord, que, devant Zaatcha, quand j'en suis parti, il n'y avait point
de cholera, et on etait si loin de le craindre, que l'on considerait le
camp comme un refuge pour les troupes, a cet egard. Le cholera y fut
apporte par la colonne de M. le colonel Canrobert; a mon depart,
non-seulement on ne savait pas qu'elle en fut attaquee, mais on ignorait
meme sa prochaine arrivee. A Marseille, a Toulon ou le cholera
faisait des ravages reels et ou je m'arretai deux jours; a Alger, a
Philippeville, a El-Arrouch, je ne sache pas que cette maladie, qui
d'ailleurs est rarement contagieuse, ait modifie un instant mes plans de
voyage. Et si les actions d'un proscrit n'etaient pas naturellement
peu connues, on saurait qu'aux Etats-Unis, a Malte et ailleurs, on se
souvient de mes visites aux choleriques; et a Paris meme, si la haine
aveugle ne repoussait pas toute information, on trouverait d'honorables
citoyens qui ont vu mourir dans mes bras, il n'y a pas encore bien
longtemps, un de mes amis, M. Piebault d'Ajaccio, enleve en quelques
heures par le cholera.
Mais assez de ces degoutantes et viles calomnie
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