par experience, ce que vaut le concours de
ces triaires de l'armee d'Afrique.
[Note 6: M. de Laurencez, blesse a l'assaut de Zaatcha, est
aujourd'hui lieutenant-colonel.]
La voix du colonel se fit entendre de loin, annoncant des renforts. En
effet, sur notre droite, le commandant Bourbaki avec les tirailleurs
indigenes, et le lieutenant-colonel Pariset, de l'artillerie, en
personne, avec deux obusiers, refoulaient l'ennemi, qui ne tarda pas a
rentrer a Lichana. Arrive pres de nous, le colonel me communiqua l'ordre
du general de battre en retraite. Je me permis d'observer que les Arabes
retrogradaient, et que le moment etait propice pour continuer l'abattage
des dattiers; mais il me repondit que l'ordre etait formel, et qu'il n'y
avait qu'a obeir. Sur ce, nous quittames une position que nous avions
gardee quatre heures, on sait a quel prix; nous gagnames la plaine sans
aucune opposition, et de la la tranchee. Nous avions eu six morts et
vingt-deux blesses, dont trois officiers;[7] les Arabes durent avoir un
nombre infiniment plus considerable des leurs hors de Combat.
[Note 7: Voyez les etats nominatifs aux Pieces justificatives.]
Je trouvai le general pres de la Zaouia. Il parut regretter de nous
avoir engages si loin, a cause des pertes que nous avions essuyees;
cependant, il me dit avec une grande cordialite: Je vous remercie de
tout ce que vous avez fait. J'ai ete peine de ne pas reconnaitre ces
remerciements dans son rapport d'ensemble publie au _Moniteur universel_
du 4 janvier 1850, ou il ne m'a meme pas accorde une mention honorable,
et je dus etre d'autant plus sensible a cet oubli qu'on venait de me
remercier de la maniere que l'on sait.[8] En revanche, je conserve
precieusement les lettres d'eloge et de sympathie que M. le general
Charon, gouverneur general de l'Algerie, le colonel Carbuccia, et une
foule d'autres officiers moins eleves en grade, mais tres bons juges
aussi, ont bien voulu m'ecrire.
[Note 8: Voyez aux Pieces justificatives ma lettre a la _Patrie_, du
5 janvier 1850.]
A l'egard du combat que je viens de raconter, le rapport de M. le
general Herbillon s'exprime ainsi:
"Le 25 octobre, les habitants firent une sortie si vive sur les hommes
employes a la coupe des palmiers que nous laissames une caisse de
tambour et des outils entre leurs mains. Je fus oblige d'appeler les
troupes du camp pour assurer la retraite."
Comme on l'a vu, nous avions ete attaques par les gens de Lichana,
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