s deux cents. Quelques chefs, plus hardis ou
mieux montes que les autres, caracolaient sur nos flancs, et venaient
faire la _fantasia_ un peu plus pres de nous; mais lorsque, avec le
capitaine et Bussy, je m'avancai pour les reconnaitre, plusieurs groupes
se detacherent du gros de la troupe et fuirent vers les montagnes. Nos
chasseurs, qui ne comptent jamais leurs ennemis, voulaient les charger,
et je ne doute pas que ce n'eut ete avec succes; mais le soin du convoi
confie a notre garde nous prescrivait imperieusement de le rallier;
d'autant plus que nous ne savions pas jusqu'a quel point il pouvait etre
vrai qu'une embuscade de fantassins nous attendait au col. Nous serrames
donc sur le convoi; les Arabes nous suivirent, mais a une distance
respectueuse.
Deja l'avant-garde, les mulets et leurs conducteurs etaient engages dans
le defile. C'etait curieux de voir l'empressement de nos Arabes, a qui
la peur d'avoir le cou coupe par les Aures faisait faire des prodiges
de diligence, qu'avec la meilleure volonte du monde il nous aurait ete
impossible d'obtenir d'eux dans un autre moment. Quoi qu'il en soit,
nous effectuames le passage sans autre accident; seulement, une heure ou
deux apres, l'ennemi massacra et mutila horriblement de pauvres colons
qui avaient commis l'imprudence de s'aventurer seuls sur ce chemin.
Les fantassins qu'on avait apercus sur la hauteur n'etaient pas des
partisans de Si-Abd-el-Afid, mais un petit poste de nos auxiliaires, que
le commandant superieur de Biscara y avait etabli, pour signaler ce qui
se passait au-dela du col.
Trente chasseurs avaient tenu en respect deux cents cavaliers arabes!
Ce fait me parut d'autant plus frappant que les adversaires, a qui nous
avions eu a tenir tete, sont bien loin d'etre des laches. Il prouverait
une fois de plus, s'il en etait besoin, l'avantage d'avoir des corps
d'elite, aguerris, redoutes de l'ennemi, et sans lesquels, j'en suis
convaincu, il n'est point d'organisation militaire parfaite.
A la sortie du defile, nous trouvames un detachement de cavalerie qui
venait a notre rencontre, et qui aurait pu nous etre d'un grand secours,
si le combat s'etait engage. Nous gagnames bientot le nouveau camp
retranche de Raz-Elma, construction remarquable qui commande la source
d'ou jaillissent les eaux de l'oasis de Biscara, ce qui nous donnerait,
en cas de revolte, la faculte de les detourner et de ramener ainsi les
habitants a l'obeissance. C'est a travers un bois
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