e piquai des deux, et je ne fus pas longtemps sans
l'apercevoir. M. le colonel Carbuccia, venu a ma rencontre avec quelques
officiers de son regiment, me conduisit a sa tente, et de la a celle
du general qui m'accueillit tres bien. Celui-ci me confirma qu'il me
destinait au commandement d'un bataillon de la Legion, ce qui n'etait
pas absolument ce qu'on m'avait promis a Paris. Le 1er regiment de la
Legion etrangere, auquel j'appartenais, etait dans la province d'Oran;
il n'y avait devant Zaatcha que deux faibles bataillons du 2e, dont M.
Carbuccia est colonel. Je me felicitais d'ailleurs de servir sous les
ordres d'un Corse qui deja m'avait donne des marques de sympathie. Le
soir meme, devant le regiment assemble, il me fit reconnaitre en
qualite de chef du 3e bataillon, dont l'effectif etait de trois cent
quarante-huit hommes, non compris les officiers. Le 1er bataillon, aux
ordres de M. le capitaine Souville, etait encore plus faible; il ne
comptait que deux cent quatre-vingt-quinze hommes, et je ne m'eloigne
pas de la verite en disant que nous n'avions, en tout, qu'un officier, a
peu pres, par compagnie.
La colonne campait sur plusieurs lignes, dans un terrain sablonneux
et ondule, dont l'etat-major et l'ambulance occupaient les points
culminants. Leurs tentes etaient adossees a de grands rochers. A quatre
cents metres environ du front de bandiere coulait un ruisseau aux eaux
saumatres, mais abondantes; deux cents metres plus loin, etaient la
lisiere de l'oasis et la _Zaouia_, espece de petite mosquee a minaret,
entouree de quelques maisons desertes.
Mon regiment etait etabli en premiere ligne. On dressa ma tente non loin
de celle du colonel, qui voulut bien me conduire lui-meme chez tous les
officiers superieurs, et a l'ambulance, ou nous visitames les blesses,
que j'eus la satisfaction de voir entoures de tous les soins possibles
par M. le docteur Malapert et ses aides.
Cette nuit, je fus reveille par une fusillade assez vive. Un parti
ennemi, a la faveur de l'obscurite, s'etait glisse pres du camp et
brulait sa poudre sans resultat; cependant, les balles sifflaient
autour de nos tentes et un cheval meme en fut atteint. Le feu de nos
grand'gardes fit bientot taire celui des Arabes, et le colonel dit en
riant qu'ils etaient tres bien eleves, puisque, ayant appris l'arrivee
d'un representant du Peuple, ils le saluaient d'une salve de bienvenue.
Tout rentra dans le silence, sauf quelques coups de fusil qu'on
ent
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