l'attaque. Un caporal, etendu sur le
ventre, se distinguait par la precision avec laquelle il dirigeait ses
coups. Il avait place une grosse pierre devant lui peur se garantir; une
balle arrive, touche la pierre et la lui lance a la tete; le caporal se
frotte le front, prend la pierre, la replace ou elle etait d'abord, et
continue son feu; une autre balle arrive, le frappe a la tete et le tue
raide.
Au-dela du mur etait une espece de ravin, par ou l'ennemi aurait pu
arriver inapercu. J'ordonnai aux hommes qui gardaient les creneaux de
redoubler d'attention; mais nos adversaires, guides par la connaissance
des lieux, furent plus ruses que nous. Au lieu de nous aborder de front,
un certain sombre d'entre eux gagnerent sur notre gauche, et se baissant
au-dessous des creneaux, a la file l'un de l'autre, ils arriverent, pour
ainsi dire en rampant, a garnir le mur du cote oppose au notre. Nous
n'etions separes d'eux que par cet obstacle, haut de deux metres a peu
pres. Le reste, c'est-a-dire la masse, etait reste dans le ravin, et a
un signal donne, ils se leverent tous, avec des cris sauvages, tandis
que d'autres encore, disperses en tirailleurs en face du jardin encaisse
et du terrain nu dont j'ai parle, nous fusillaient a l'angle ou crochet
forme par notre ligne.[4]
[Note 4: Je n'ai pas la pretention de faire de la tactique a propos
d'une si petite affaire; mais si quelqu'un objectait que ce crochet
etait un oubli des principes, je lui repondrais qu'il s'agissait de
proteger des travailleurs places dans une circonference irreguliere, et
qu'une ligne droite etait impossible. Dans un combat de cette nature, il
etait indique, d'ailleurs, de profiter des abris qu'offrait le terrain.]
En un instant, plusieurs des notres furent couches par terre, ou
contusionnes par des nuees de pierres qu'on nous lancait par dessus
le mur. Cette maniere de preluder a un engagement plus serieux est
familiere aux Arabes. Bientot une haie serree de leurs fusils parut a la
crete du mur, et nos soldats, sans attendre qu'ils parussent eux-memes,
et quoi que pussent faire les officiers, le couronnerent de leur feu.
A l'angle de la ligne, un soldat venait de tomber mortellement atteint.
Deux de ses camarades le trainaient en arriere, poursuivis par les
Arabes qui voulaient s'en emparer pour lui couper la tete. J'allai a
leur rencontre et les tins en echec avec mon fusil de chasse. Nyko et
ses grenadiers etaient a cent pas de la; je leur fis sign
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