'environ deux metres de haut, servant de cloture et
de separation a d'innombrables petits jardins, qui sont autant de
proprietes particulieres. Nos officiers du genie avaient profite de
ces obstacles, abattant ceux qui genaient, bouchant les breches qui
presentaient une solution de continuite, elevant ceux qui etaient
insuffisants au defilement, et decrivant, en somme, une espece de
parallele qui resserrait a l'est et au nord, c'est-a-dire du cote du
camp, la moitie du developpement du village, a une distance qui pouvait
varier de quarante a cent metres. Par les nombreux creneaux pratiques
dans les murs qui remplacaient pour nous l'epaulement de tranchee, notre
mousqueterie repondait a celle des Arabes.
Pour ces travaux et ceux de construction des batteries, nos soldats
avaient su tirer un tres bon parti du tronc des palmiers, et ils
n'avaient presque pas eu de terre a remuer, si ce n'est pour les deux
cheminements de droite et de gauche. Des troupes occupaient les jardins
jusqu'a la lisiere de l'oasis, et assuraient les flancs, les derrieres,
et les communications avec le camp.
Deux batteries de canons de 8 et d'obusiers de montagne etaient etablies
au centre et a la droite de la tranchee. La premiere portait le nom du
colonel Petit, en l'honneur de cet officier superieur qui y avait ete
mortellement atteint; la seconde s'appelait la batterie Besse, en
memoire d'un vaillant capitaine d'artillerie, tue raide d'une balle au
front, au moment ou il pointait une piece.
Apres avoir fait, avec le colonel, la visite de nos lignes, et fourni
notre contingent de travailleurs aux armes speciales, j'essayai de tirer
quelques balles par les creneaux. Ceux des Arabes etaient si petits
qu'il fallait beaucoup de soins et quelque adresse pour les emboucher,
mais on ne pouvait voir le resultat des coups. Aucun ennemi ne se
montrait a decouvert; tout ce qu'on apercevait entre la place et la
tranchee se reduisait a quelques debris de murailles battues en breche
par notre artillerie, et aux cadavres des notres qu'on n'avait pu
enlever, et qui infectaient l'air. Pres de la sape de gauche, on voyait
les ruines d'une tour qui s'etait ecroulee, le 20 octobre, sur les
grenadiers de la Legion; un grand nombre de ces braves avaient peri sous
les decombres, et j'en remarquai un, homme magnifique, dont le corps nu,
enfle, noirci, etait ecrase sous un enorme madrier.
Parfois, les projectiles des assieges embouchaient nos creneaux,
ecretaient
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