le mur ou arrivaient aux points qui n'etaient pas bien
defiles. Il est certain que l'ennemi avait d'habiles tireurs,
particulierement les domestiques noirs, que les chefs emploient a la
chasse des autruches. Nos soldats les avaient entrevus visant nos
officiers, et, avec cette vivacite d'imagination qui les caracterise,
ils en avaient fait un etre ideal et unique, qui, sous le nom du
_Negro_, etait cense avoir porte les plus mauvais coups.
Independamment du feu des batteries, nous lancions d'heure en heure une
bombe de seize centimetres. Nous n'avions qu'un mortier, et le defaut de
projectiles nous empechait de l'employer plus souvent. On n'aura pas de
peine a comprendre qu'un tir aussi rare ne pouvait etre efficace. Il
nous aurait fallu, d'ailleurs, des bombes de vingt-deux centimetres,
et non de seize; celles-ci portaient admirablement, mais, de l'avis de
chacun, leur penetration etait insuffisante. Quant aux canons, par une
circonstance locale, ils ne produisaient pas non plus tout l'effet
desirable. Les maisons de Zaatcha avaient toutes des rez-de-chaussee
au-dessous du niveau du sol, qui n'etaient qu'une espece de caves ou
les boulets ne pouvaient atteindre; les etages superieurs ruines,
les habitants se refugiaient dans ces souterrains, et la resistance
continuait de plus belle.
Malgre le courage et l'activite du genie, les deux sapes a droite et a
gauche cheminaient tres lentement. On s'etait vu contraint d'en faire
les epaulements en sacs a terre, et de les blinder, tant bien que mal,
avec des branchages de palmier, pour mettre les hommes a l'abri des
pierres que les Arabes ne cessaient d'y lancer. La tete de sape etait
continuellement en butte a leur fusillade, et les sapeurs qui se
montraient a decouvert etaient aussitot tues ou blesses. Une espece de
mantelet en planches et en tole, qu'ils poussaient devant eux en guise
de gabion farci, ne se trouva pas a l'epreuve des balles, ce qui etait
d'autant plus facheux qu'on n'avait ni cuirasses, ni pots-en-tete.
Mais aussi qui eut pu croire qu'un miserable village du Sahara nous
obligerait a l'assieger de la sorte?
Vers le soir, le general vint faire la visite de la tranchee et donner
des ordres pour la nuit. Il est bienveillant, ferme et sympathique;
officier sous l'empire, il fut blesse a Waterloo. J'observai qu'il
s'exposait beaucoup et sans ostentation. A sa suite, comme porte-fanion
de l'etat-major-general, se trouvait le fameux tueur de lions, Gerard,
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