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A Philippeville, ou je passai la journee du 12, je me presentai chez
le commandant superieur, M. Cartier, major du deuxieme regiment de la
Legion etrangere, et je fis la connaissance du commandant Vaillant,
frere de nos deux generaux de ce nom, et savant naturaliste. Une
distance de vingt-deux lieues que parcourt une excellente route,
exploitee quotidiennement, comme en Europe, par un service de
messageries, separe Philippeville de Constantine. Toutes les places
ayant ete retenues, je louai une voiture et je partis le lendemain
de grand matin, avec l'excellent capitaine Gautier qui avait voulu
m'accompagner. Nous traversames les nouveaux villages de Saint-Antoine
et Gastonville, ce dernier peuple de pauvres proletaires parisiens
qui sont venus chercher un meilleur sort dans la colonisation, tache
difficile pour laquelle, malgre leur courage, ils n'ont ni la force, ni
l'aptitude necessaires. Au camp d'El-Arrouch, je fus retenu a dejeuner,
de la maniere la plus aimable, par MM. les officiers du 38e. Ils etaient
tristes de voir la garnison decimee par le cholera qui sevissait contre
elle, plus cruellement qu'a Philippeville et que sur aucun autre point
de la division territoriale. Apres avoir relaye au camp de Smendou, nous
arrivames fort tard a Constantine.
En l'absence du general Herbillon, parti a la tete de la colonne
expeditionnaire, M. le general de Salles, gendre de l'illustre marechal
Valee, me recut le soir meme, avec cette parfaite et cordiale urbanite
qui le fait aimer de tous ceux qui l'approchent. Le lendemain, 14, grace
a l'obligeant empressement de M. le capitaine de Neveu, chef du bureau
arabe, tous mes preparatifs de campagne, tentes, cantines, etc., etaient
termines. Je fus vivement contrarie, et on le concevra sans peine dans
une telle circonstance, de n'avoir pu, malgre mes recherches, reussir a
me monter convenablement. Ce que je trouvai de moins mauvais, ce fut un
petit cheval indigene, vif, mal dresse, peu maniable et peu vigoureux,
dont je dus pourtant me contenter.
Le 15 octobre, au point du jour, je quittai Constantine, pour rejoindre
la colonne. Mon escorte se composait du marechal-des-logis Bussy et
de quatre cavaliers du troisieme regiment de spahis, deux chasseurs
d'Afrique, Rouxel et Valette, un soldat du train des equipages, et
Gerard, mon fidele domestique ardennais.
Avant d'aller plus loin, il n'est peut-etre pas inutile de donner ici
un rapide apercu des causes qui avaient amene
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