s la region des cereales, est la meilleure garantie
de leur obeissance. Si elles nous mecontentent, leur compte est
bientot regle, et en cas de rebellion armee, nous pouvons leur fermer
completement le Tell, et les obliger a recourir a des intermediaires, ce
qui decuple pour eux le prix des denrees. Ce n'est d'ailleurs que dans
le Tell que ces tribus peuvent rencontrer, pour leurs dromadaires et
leurs moutons, des paturages d'ete, saison ou le manque absolu d'eau
serait mortel aux troupeaux dans le desert. Cette dependance du Sahara
envers la region des cereales est un fait tellement important qu'aucune
intrigue ou sedition de la part des nomades ne peut nous preoccuper
longtemps, places qu'ils sont sans cesse sous l'inevitable coup d'une
repression pecuniaire, et meme plus terrible, au besoin. Quatre passages
a travers une chaine de montagnes qui court parallelement a la mer,
conduisent du desert au Tell; a l'est, celui de Kinchila; a l'ouest,
celui de Soubila; ceux de Megaous et de Batna, au centre. Les deux
premiers sont en dehors de la direction que suivent les tribus.
Batna est fortement occupe par nous; quant a Megaous, notre caid des
Ouled-Sultan y est etabli et peut en defendre l'acces a tout venant qui
se serait attire notre colere. Tout cela prouve encore une fois que
nous pouvons gouverner de loin les Arabes du Desert et abandonner cette
administration directe qui les avait enrichis, mais qui nous a cree des
obstacles tellement graves qu'il nous a fallu, pour les surmonter, tout
l'heroisme de nos troupes. Voyons comment ils avaient surgi.
La base de la gestion de M. de Saint-Germain, c'etait l'egalite devant
l'impot, et il n'avait voulu tenir aucun compte des privileges des
marabouts, dans un pays pourtant ou cette caste est aussi nombreuse
qu'influente. Il n'en fallait pas davantage pour nous faire des ennemis
irreconciliables de gens qui n'auraient pas mieux demande que de nous
servir, si, comme les Turcs l'avaient fait avant nous, nous eussions
menage leur suprematie. En 1848, la contribution des palmiers qui
n'avait ete, dans l'origine, que de 15 a 20 centimes le pied, fut tout
a coup portee, sans transition, a 50, soit que ces precieux vegetaux
rapportassent leurs dattes ou qu'ils n'en eussent pas. Une mesure
financiere aussi vexatoire etait justifiee jusqu'a un certain point par
la necessite ou l'on etait de fournir aux frais de fortifications de
Biscara, frais que le gouvernement central n'avait pas vo
|