ulu couvrir; et
en effet, 120,000 francs, produit du nouvel impot, furent affectes a
la construction de la casbah de cette oasis. Quoi qu'il en soit, un
pretexte d'insurrection etait trouve pour les marabouts que nous nous
etions maladroitement alienes. Tous affilies a la secte religieuse dite
des freres de Sidi-Ab-er-Rahmann, qui a de nombreuses ramifications
dans les Ziban, ils fomenterent sourdement la revolte, a laquelle il ne
manqua desormais qu'un fait determinant.
L'administration directe de nos autorites militaires, et le nivellement
de l'impot au prejudice des anciennes prerogatives des marabouts et
des familles nobles, voila donc les causes principales de la derniere
guerre. Deux autres motifs, bien que secondaires, meritent d'etre
mentionnes. D'une part, nos malheureuses discordes civiles avaient porte
leur fruit jusqu'au fond de la province de Constantine; de nombreux
naturels des oasis, connus sous le nom de Biskris, etablis a Alger, ou
la plupart font le metier d'hommes de peine, ne cessaient de mander aux
leurs, depuis la Revolution de Fevrier, que chaque jour nos regiments
rentraient en France, que nous allions quitter l'Afrique, que nous nous
battions entre nous, et mille choses semblables.
D'autre part, une des consequences de notre administration directe etait
d'annihiler completement l'autorite du scheick El-Arab, qui avait ete
jusqu'alors un sur moyen de domination dans le desert. Deux familles
s'etaient trouvees, tour a tour, en possession de cette dignite, espece
de grand vasselage, les Ben-Gannah et les Ben-Said. Les Turcs, suivant
les exigences de leur politique, les avaient alternativement elevees, et
il faut le dire, de leur temps le scheick El-Arab etait reellement
le suzerain du Sahara, percevait les contributions, payait au bey de
Constantine la redevance exigee, administrait comme il l'entendait, et
garantissait ainsi de tout embarras le gouvernement supreme. En 1837,
apres la prise de Constantine, les Ben-Said, dont le chef a ete tue a
notre service, etaient en fonctions. En 1844, M. le duc d'Aumale leur
substitua les Ben-Gannah qui y sont encore; mais le titulaire actuel,
que je connais, et qui est decore de la Legion d'honneur, a vu son
autorite tellement amoindrie que, pour ne citer qu'un exemple, il n'a
pu, lors de la derniere campagne et bien qu'il fut dans notre camp,
procurer au general Herbillon un seul espion a qui accorder creance.
Cependant, la part d'impot, que ce scheick p
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