ants de juin. Ni les materiaux, pierres et bois,
ni des eaux abondantes, ni un sol fertile sous un climat sain, ne
manqueront aux nouveaux colons. Puissent ces avantages adoucir leur
sort, et leur rendre moins cuisants les regrets de l'exil!
J'employai la journee du 18 a visiter tout ce que Batna renferme de
remarquable. La population civile m'a paru commercante, industrieuse et
prospere. Des boutiques bien assorties, un etablissement de bains, des
plantations tres productives, denotent les progres qu'en perseverant
dans son travail elle est appelee a faire tous les jours. Les
etablissements militaires, magasins, casernes, hopitaux, sont dignes
d'attention. Les charpentes de ces divers batiments sont toutes en bois
de cedre, que l'on retire d'une belle foret qui couronne la cime d'une
montagne voisine. Le cedre ne justifie pas, du reste, sa reputation, et,
en Algerie du moins, il parait qu'il se deteriore en peu de temps.
Dans la visite que je fis aux hopitaux, je m'entretins avec plusieurs de
nos blesses qui revenaient de la colonne du general Herbillon, et ce ne
fut pas sans emotion que je reconnus parmi eux un garde mobile, jeune
Parisien engage depuis peu dans la Legion etrangere. Il avait recu toute
la decharge d'un tromblon; couvert de blessures, il ne s'inquietait
que de son frere, volontaire comme lui, et qu'il avait laisse dans les
Ziban; heureusement, l'officier de sante repondait de sa guerison.
Le 19 octobre, apres avoir pris les ordres de mon lieutenant-colonel, je
dis mon lieutenant-colonel, puisque je savais deja que j'etais destine
au commandement du 3e bataillon du 2e regiment de la Legion etrangere;
apres avoir pris les ordres de ce vieux serviteur de la France, je
partis avec la cavalerie du convoi. M. le lieutenant-colonel de Caprez
est Suisse de naissance, et il tient de sa nation tout ce qu'elle a
d'eminemment militaire dans son genereux devouement. Il me fit l'honneur
de m'accompagner jusqu'a une certaine distance de la place. L'infanterie
nous avait precedes, sous le commandement d'un jeune lieutenant normand
du 8e de ligne, M. Wolf, relevant a peine d'une blessure, et mort d'une
belle mort, peu apres, a la prise de Nara par M. le colonel Canrobert.
Le convoi se composait de trois cents mulets de charge, accompagnes
d'autant de conducteurs arabes, et portant soixante-dix mille rations,
outre quelques munitions de guerre. L'escorte placee sous mes ordres
n'etait que de vingt-huit fantassins
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