de la Legion et trente-sept
cavaliers, chasseurs d'Afrique et spahis. MM. Conseillant,
sous-intendant militaire, et Dubarry, officier de sante, voyageaient
avec nous. Malgre le voisinage des monts Aures, la route de Batna a
El-Ksour, premiere etape vers Biscara, n'avait pas encore ete inquietee;
nous y arrivames sans encombre. C'etait un poste en maconnerie, encore
en construction, et situe pres d'une source qui ne tarit point. Un petit
detachement de la Legion, commande par le lieutenant Sarazin, y tenait
garnison. Nous plantames le piquet; je pris quelques precautions pour
la nuit, et le lendemain, a quatre heures du matin, je fis battre _le
premier_. Les tentes furent bientot abattues, et le cafe pris. La
distribution de cafe est une excellente innovation, qui plait beaucoup
au soldat et qui, sous ce climat, parait etre tres favorable a son
hygiene; elle est due, si je ne me trompe, a M. le general Lamoriciere.
Chaque homme a dans son sac sa petite provision de cafe moulu et mele
au sucre en poudre; instantanement, dans une gamelle ou dans le premier
recipient venu, la boisson est preparee, souvent meme a froid. Cela ne
devrait pas empecher, ce me semble, de distribuer journellement aux
soldats une ration d'eau-de-vie; versee dans leurs bidons, elle en
corrigerait l'eau qui, la plupart du temps, saumatre et malsaine,
occasionne des diarrhees qui degenerent frequemment en dysenteries,
affaiblissent et demoralisent un grand nombre d'hommes dans toute
colonne en marche. A ce sujet, qu'il me soit permis de signaler une
economie mal entendue, un fait condamnable et pernicieux que j'ai
observe. En Afrique, le vin qu'on peut se procurer en campagne, chez
les cantiniers et meme dans les places de second ordre, est cher
et detestable; le vin bleu des barrieres de Paris est un nectar en
comparaison; cependant, personne, a quelques rares exceptions pres, n'en
a de meilleur, et vraiment c'est penible de voir tant de braves gens,
qui n'epargnent ni leurs sueurs ni leur sang, s'empoisonner, lorsqu'il
serait si facile a l'administration de leur fournir du bon vin a un prix
raisonnable. Il lui suffirait d'avoir, comme cela se pratique pour les
ambulances, du vin de distribution dont la qualite serait garantie dans
l'adjudication au fournisseur; on le cederait aux hommes au prix de
revient.
Le _rappel_ battu, nous partimes en nous eclairant, bien qu'il n'y eut
pas de probabilite que nous fussions attaques ce jour-la. Deux spahis
ou
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