reau arabe est etabli a Boucada, la neutralite cesse d'etre possible;
l'officier francais, appele a se prononcer entre les deux partis,
tranche le differend ou le fait decider par ses chefs, et si une
soumission complete ne s'ensuit pas, en avant les colonnes! une
expedition devient indispensable.
Gouverner l'Algerie, y exercer le commandement supreme, mais
n'administrer que les points qui jamais ne pourront se soustraire a
notre domination, telle est, en resume, la politique que nous aurions du
toujours suivre, si j'en crois mes impressions, et l'opinion des hommes
veritablement competents. De puissants chefs arabes, meme nous servant
mal quant a la rentree de l'impot, mais faisant respecter nos routes
et nos voyageurs, n'assureront-ils pas notre empire mieux que certains
caids relevant plus directement de nous, mais qui revoltent a chaque
instant les populations par les concussions dont ils les accablent en
notre nom? Il serait d'une haute politique d'entourer de la plus grande
consideration les chefs a notre service, et de les relever aux yeux de
leurs administres, en leur laissant ce prestige de nationalite indigene
qui leur donne l'air de ne ceder qu'a notre force invincible, tout en
nous aimant quand nous faisons le bien. Surtout, il ne faudrait pas
perdre de vue que quelque temps de paix consolide notre pouvoir mieux
que l'expedition la plus heureuse, et que si une longue periode de
tranquillite generale etait donnee a la colonie, l'Arabe, qui est
fataliste, commencerait a croire a la perpetuite de notre domination, et
se soumettrait definitivement en disant: Dieu le veut!
Jetons maintenant un coup d'oeil sur l'etat de la subdivision de Batna,
lors des derniers evenements.
En octobre 1848, M. le colonel Carbuccia, d'une des meilleures familles
de Bastia, avait succede, dans le commandement de cette subdivision, a
M. le colonel Canrobert. Ce dernier venait de rendre un immense service,
en s'emparant, par un coup de main hardi, comme il sait en faire, du
dernier bey de Constantine, Ahmed. Cependant, nos ressources etaient
bien faibles pour maintenir, dans une si grande etendue de territoire,
tant de populations diverses. En effet, la subdivision de Batna
comprend ces montagnards de l'Aures, toujours turbulents, le massif des
Ouled-Sultan, les Ouled-Sellem, les Ouled-Bouanoun, le Hodna, le Sahara
ou Desert, ou se trouve la region des oasis, ou Zab, au pluriel Ziban.
Les Aures venaient de massacrer ou de chasser
|