r a un court delai sa dissolution. Durant cette
session d'une annee, j'ose le dire, un grand nombre de mes collegues
d'opinions diverses m'avaient accorde quelque sympathie, et si jamais
j'ai pu esperer avec raison la regularisation de mon etat militaire,
c'est bien des l'avenement de Louis-Napoleon a la presidence jusqu'a
l'installation de la Legislative. A part les dispositions bienveillantes
dont je viens de parler, l'amitie de mon cousin, nos relations qui
dataient de loin, les promesses qu'il m'avait faites, tout m'autorisait
a penser que l'opportunite ne serait pas perdue. Je dois aussi ajouter
la confiance que j'avais lieu de placer, a cet egard, dans le chef
du cabinet, M. Odilon Barrot, qui plus d'une fois avait blame les
administrations precedentes de ne m'avoir pas fait admettre dans
un regiment francais. Bref, un mecontentement injuste de mes votes
consciencieux, et consequents avec la voie que j'avais suivie avant meme
que Louis-Napoleon fut representant du peuple, des influences exclusives
et que je ne signalerai pas davantage[3]; enfin, des menees qui se
resument dans le vieil adage: _divide et impera_, m'enleverent le
modeste succes que j'ambitionnais comme ma part, pour ainsi dire, dans
le grand triomphe du dix decembre.
[Note 3: Il m'est permis de croire que le president de la
Republique, laisse a lui-meme, m'aurait appuye. Peu de jours avant son
election, je causais avec lui, lorsqu'il m'exprima l'intention de me
donner le commandement d'un corps. Je lui fis sentir les difficultes
qu'il rencontrerait chez des hommes toujours prets a crier au privilege,
et dans les susceptibilites de quelques-uns des honorables officiers qui
siegeaient a l'Assemblee. Il me repondit: "Si le peuple me nomme, il
approuvera ce que je ferai pour ma famille qui a tant souffert."]
L'indifference du ministere, qui, dans ce cas, etait de l'hostilite,
l'intention de me sacrifier par le silence, etaient flagrantes. Au fond,
je desesperais de reussir; deux fois deja j'avais donne ma demission;
elle avait ete refusee avec insistance par le president et par le
ministre de la guerre. Je resolus de tenter un dernier effort. Il y
avait trop longtemps que je poursuivais mon but, il etait trop pres, j'y
tenais trop, pour me decourager completement. Quoique a regret, j'etais
decide a me retirer de la carriere, plutot que de servir au titre
etranger. Je desirais surtout vivement obtenir la naturalisation de
mon grade de la Constituante.
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