ecu un honneur
dont j'etais indigne."
Le comte garda le silence pendant quelques instants; puis, reprenant la
main de Consuelo:
"La noble franchise avec laquelle vous me repondez me donne encore une
plus haute idee de vous, lui dit-il. Ne pensez pas que je vous aie demande
ces details pour vous estimer plus ou moins, selon votre naissance et
votre condition. Je voulais savoir si vous aviez quelque repugnance a dire
la verite, et je vois que vous n'en avez aucune. Je vous en sais un gre
infini, et vous trouve plus noble par votre caractere que nous ne le
sommes, nous autres, par nos titres."
Consuelo sourit de la bonne foi avec laquelle le vieux patricien admirait
qu'elle fit, sans rougir, un aveu si facile. Il y avait dans cette
surprise un reste de prejuge d'autant plus tenace que Christian s'en
defendait plus noblement. Il etait evident qu'il combattait ce prejuge
en lui-meme, et qu'il voulait le vaincre.
"Maintenant, reprit-il, je vais vous faire une question plus delicate
encore, ma chere enfant, et j'ai besoin de toute votre indulgence pour
excuser ma temerite.
--Ne craignez rien, monseigneur, dit-elle; je repondrai a tout avec aussi
peu d'embarras.
--Eh bien, mon enfant ... vous n'etes pas mariee?
--Non, monseigneur, que je sache.
--Et ... vous n'etes pas veuve? Vous n'avez pas d'enfants?
--Je ne suis pas veuve, et je n'ai pas d'enfants, repondit Consuelo qui
eut fort envie de rire, ne sachant ou le comte voulait en venir.
--Enfin, reprit-il, vous n'avez engage votre foi a personne, vous etes
parfaitement libre?
--Pardon, monseigneur; j'avais engage ma foi, avec le consentement et meme
d'apres l'ordre de ma mere mourante, a un jeune garcon que j'aimais depuis
l'enfance, et dont j'ai ete la fiancee jusqu'au moment ou j'ai quitte
Venise.
--Ainsi donc, vous etes engagee? dit le comte avec un singulier melange de
chagrin et de satisfaction.
--Non; monseigneur, je suis parfaitement libre, repondit Consuelo. Celui
que j'aimais a indignement trahi sa foi, et je l'ai quitte pour toujours.
--Ainsi, vous l'avez aime? dit le comte apres une pause.
--De toute mon ame, il est vrai.
--Et ... peut-etre que vous l'aimez encore?...
--Non, monseigneur, cela est impossible.
--Vous n'auriez aucun plaisir a le revoir?
--Sa vue ferait mon supplice.
--Et vous n'avez jamais permis ... il n'aurait pas ose ... Mais vous direz
que je deviens offensant et que j'en veux trop savoir!
--Je vous c
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