conserve ce titre de _lecteur_. Les lecons, au moyen age, se
composaient d'une lecture ou dictee, puis d'un commentaire ou glose
improvisee. C'est la forme encore suivie dans nos ecoles de droit.]
[Note 12: _Paris ancien et moderne_, par du Marles, t. 1, c. i, p.
51, et c. ii, p. 189.]
[Note 13: On le dit ne vers 1068. Apres avoir etudie sous Manegold
et Anselme de Laon, qui professerent a Paris, il y devint le chef de
l'enseignement, et il eut le _regimen scholarum_ d'ou est venu sans
doute plus tard le titre de _recteur_. Il eut des disciples nombreux
dont quelques-uns occuperent un rang distingue dans l'Eglise et la
science. Eleve d'Anselme de Laon, qui s'etait forme sous saint Anselme,
Guillaume continua donc le realisme, et meme il parait l'avoir exagere.
(_Ab. Op._, ep. I, p. 4; Not., p. 1145.--Ouvr. ined. _Dialectic._
passim.--Johan. Saresb. _Metalog._, l. I, c. V; l. III, c. IX.--_Rec.
des Hist._, t. XIV, p. 303.--_Lisiardi Vita M.S.S. Arnulfi_, c. XV.
D'Achery, _Spicileg._, t. I, p. 633.--_Hist. litt._, t. X, p. 307, 308
et suiv.)]
Pierre alla l'entendre et ne tarda pas a lui plaire. Un disciple
intelligent, qui saisit avec promptitude et reproduit avec talent les
lecons qu'il ecoute, est toujours bienvenu de celui qui les donne; mais
il est rare que sa faveur soit durable. Pierre se distingua parmi les
ecoliers de Paris; il les etonnait par sa memoire surprenante, par son
instruction precoce, par sa rare subtilite, par le don de la parole
que rehaussait en lui la singuliere beaute de sa figure. Il se faisait
admirer, aimer, et partant envier. Bientot il s'enhardit a se separer de
son maitre; il attaqua quelques-unes de ses doctrines; et comme il fut
plus d'une fois vainqueur dans l'argumentation, il ne manqua pas de lui
devenir insupportable. Il excita chez Guillaume une indignation et
un effroi, chez quelques-uns de ses condisciples une defiance et une
jalousie, qu'il regarda toujours depuis comme la triste origine de tous
ses malheurs. Mais alors jeune, heureux, plein d'espoir, il parcourait
les sciences et les questions en se jouant. Tout le champ de la
connaissance humaine etait ouvert devant lui comme le monde devant un
conquerant.
On raconte cependant que, ne sachant encore rien au dela de ce qu'on
apprenait dans le _trivium_, c'est-a-dire la rhetorique, la grammaire
et la dialectique, il voulut s'instruire dans les arts plus secrets
du _quadrivium_, ou l'en enseignait l'arithmetique, la geometri
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