es deux n'existaient pas, Tels sont les
attributs distinctifs qui se personnifient dans le Pere tout-puissant,
dans le Fils, verbe de Dieu, eternelle raison, supreme intelligence,
dans le Saint-Esprit, source divine de grace, de charite et d'amour.
Voila les trois personnes de la Trinite, personnes distinguees entre
elles eminemment par lesdites proprietes, mais qui n'ont qu'une essence,
qu'une substance, puisqu'il n'y a qu'un Dieu dont toutes les oeuvres
sont indivisibles et supposent a la fois la puissance, la sagesse et
la bonte. Cette notion de la nature essentielle de Dieu devait etre
conciliee avec ses attributs generaux, avec son immutabilite, sa
providence, sa prescience. Cette conciliation etait l'objet de la
derniere partie, qui est restee ou ne nous est parvenue qu'incomplete;
et l'ouvrage touchait ainsi a toute les questions de la theodicee.
Cette doctrine, qui sans etre entierement nouvelle ni denuee
d'antecedents reputes orthodoxes, se signalait cependant par un ton de
hardiesse, par des subtilites hasardees, par un caractere general de
liberte dans la discussion, devait a la fois seduire beaucoup de jeunes
esprits, et alarmer beaucoup de consciences inquietes. Le nom de son
auteur, je ne sais quelles apparences aventureuses qui s'etaient
toujours attachees a lui, la position qu'il avait toujours prise en
dehors de l'ordre commun, la rendait plus suspecte, plus attrayante et
plus perilleuse qu'elle ne l'eut ete sous la protection d'un autre nom.
L'intelligence etait alors curieuse, excitee, et cependant soumise aux
regles de la foi; elle aimait a raisonner et elle voulait croire. Ce qui
semblait demontrer la croyance, convaincre la raison, satisfaire a
ce besoin inquisitif d'examiner et de discuter, sans le dechainer ni
l'egarer, donner enfin au mystere la forme d'un probleme et au dogme
celle d'une solution, devait etre saisi avec ardeur et accepte comme
la decouverte de la verite parfaite et definitive. Les idees d'Abelard
avaient des longtemps transpire par ses lecons, et s'etaient ouvert les
esprits; le traite qui resumait ces idees et les livrait au publie eut
un succes de propagande.
C'etait precisement l'instant ou se formait contre lui la coalition des
maitres qu'il avait discredites. Ils s'armerent du pretexte que leur
fournissait son imprudence; la malveillance et l'envie le denoncerent a
la foi severe ou timide. Les autorites ecclesiastiques furent appelees
a la vigilance et suppliees d'inter
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