ption exacte. M. Alexandre Lenoir a publie
une gravure qui la represente, et il semble aussi l'avoir vue avant
que la revolution ne l'eut detruite. On trouve dans l'_Iconographie
chretienne_ de M. Didron un embleme analogue de la Trinite, tire d'un
manuscrit de Herrade, abbesse de Sainte-Odile, vers 1160. (_Annal.
ord. S. Bened._, t. VI, l. LXXIII, p. 85.--_Gall. Christ._, t. XII, p.
571.--_Mus. des monum. franc._, t. I, pl. n deg. 516.--_Icon. chret._, p.
604.)]
On a peu de details sur cette ecole du Paraclet, sur cette academie de
scolastique qu'il forma au milieu des champs. On sait seulement qu'il
y maintenait l'ordre avec severite; nous en avons un assez curieux
temoignage. Un valet, un bouvier l'ayant averti de quelques desordres
secrets parmi les ecoliers, le maitre les menaca de cesser aussitot
ses lecons, ou du moins exigea que la communaute fut dissoute, et leur
ordonna, s'ils voulaient encore l'entendre, d'aller habiter Quincey. Le
bourg etait assez eloigne, et le jour suffisait a peine pour qu'on eut
le temps de venir au Paraclet, d'assister aux lecons, de participer aux
etudes, et de s'en retourner[142]. D'ailleurs la vie en commun, les
doctes entretiens, l'existence d'une sorte de congregation formee, comme
le dit un de ses membres, _au souffle de la logique (aura logicae)_,
tout cela etait cher aux ecoliers, donnait de l'interet et de
l'originalite a leur entreprise; et la severite d'Abelard les contrista
et les humilia. Un d'eux, un jeune Anglais, qui se nommait Hilaire,
exhala leur douleur commune dans une complainte en dix stances, de cinq
vers chacune, dont les quatre premiers sont des lignes de latin rimees,
et le cinquieme un vers francais qui sert de refrain[143]. Cette chanson
elegiaque, fortement empreinte de l'esprit et du gout de l'epoque, est
peu poetique et sans elegance; mais elle ne manque pas de sentiment
ni d'harmonie, et elle prouve avec quelle ardeur on venait de loin se
reunir autour d'Abelard, avec quel respect on lui obeissait, avec quelle
avidite on se desalterait a cette source de savoir et d'eloquence, _quo
logices fons erat plurimus_. Je me figure que les ecoliers chantaient
en choeur cette complainte, que de telles poesies etaient un de
leurs habituels passe-temps, et que celle-ci nous donne la forme de
quelques-unes de celles qu'Abelard lui-meme avait su rendre populaires.
On peut croire du reste qu'il se laissa flechir et accueillit le voeu
qu'exprimaient ces mots:
_Deso
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