te et la
Trinite divine. C'est l'_Introduction a la Theologie_ que nous avons
encore[98]. Il essaie d'y exposer ce qui, ainsi qu'il l'observe
lui-meme, est plus fait peut-etre pour la pensee que pour l'expression.
Demontrant, comme on dit, la foi par la raison, il veut repondre aux
heretiques et surtout aux incredules qui se piquent de philosophie,
par un christianisme philosophique. De la cette these perseveramment
soutenue que le dogme peut etre presente sous une forme rationnelle,
qu'il faut comprendre ce qu'on croit, qu'il n'y a point de mystere
qui ne puisse etre eclairci par des explications ou du moins par des
similitudes choisies avec discernement, et que la dialectique, cette
maitresse de la raison, doit etre conciliee avec les croyances
chretiennes, si l'on ne veut pas qu'elle les ebranle, en les mettant en
contradiction avec ses propres lois. Une consequence assez naturelle
etait de placer l'autorite des philosophes presqu'au rang de celle des
saints; de pretendre que la raison, revelation interieure, avait conduit
les premiers aux memes notions que les seconds sur la nature de Dieu
et notamment sur la Trinite; que la verite etant commune a tous, les
sentiments qu'elle inspire avaient pu l'etre, et qu'il ne fallait pas
entierement desesperer du salut des sages de l'antiquite.
[Note 98: _Ab. Op._, pars II, p. 973. Tout le monde n'a pas regarde
cet ouvrage comme celui qui fut brule a Soissons et qu'on a cru perdu.
Mais il contient ce qu'a Soissons on lui reprochait d'avoir ecrit, et
les pensees et les expressions du prologue se rapportent parfaitement
a ce qu'il dit dans l'_Historia calamitatum_ de la composition de
l'ouvrage condamne a Soissons. (_Id._, ep. I, p. 20. Voyez le c. II du
l. III de cet ouvrage.) L'assertion pour laquelle Othon de Frisingen dit
qu'Abelard fut condamne se trouve textuellement dans l'Introduction.
(_Id., Introd. ad Theol._, l. II, p. 1078.--_De Gest. Frid._, l. I, c.
XLVII.)]
Or, cette foi de la raison, implicite et confuse dans Platon, plus
developpee, plus authentique, plus puissante chez les chretiens,
c'est le dogme de l'unite de Dieu, seul incree, seul createur, seul
tout-puissant, bien supreme et perfection infinie. Mais, en Dieu ne
distinguent la puissance, la sagesse et la bonte; la premiere engendre
la seconde, et la troisieme procede de toutes deux. Car il y a encore de
la puissance dans la sagesse, et la bonte qui n'est ni l'une ni l'autre
serait nulle et vaine si tout
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