s attaches au fil du sien
dans les detours de ce labyrinthe dont il trouvait toujours l'issue, il
melait, autant qu'il etait en lui, a l'interpretation de la brievete
profonde de ce qu'il connaissait du texte l'analyse intelligente et
libre des commentaires et des additions de Boece et de Porphyre;
il completait ses exposes par des citations, bien comprises et
lumineusement developpees, de Ciceron qui, lui aussi, a traite, dans ses
Topiques et dans quelques passages de la Rhetorique a Herennius, des
parties de la logique; de Themiste, qui a laisse des paraphrases
d'Aristote; de Priscien, qui a touche a la logique par la grammaire;
enfin de saint Augustin, qui passait pour l'auteur d'un traite alors
etudie sur les categories, et qui a du peut-etre a son role dans la
scolastique quelque chose de son influence dominante sur la theologie
francaise. Le caractere eminent de l'enseignement d'Abelard etait,
suivant un de ses auditeurs, une clarte elementaire. On trouvait qu'il
fuyait l'appareil pedantesque, et qu'il mettait la science a la portee
des enfants[38].
[Note 38: Johan. Saresb. _Metal._, l. III, c. i.--Il serait
interessant de fixer la liste des ouvrages anciens que les philosophes
avaient dans les mains aux differents ages de la scolastique. Jourdain a
bien avance ce travail pour les ecrits d'Aristote. Themiste, qui est du
IVe siecle, avait laisse des commentaires sur Aristote, dont il reste
quelques-uns, comme ceux sur les Derniers Analytiques, la Physique, le
Traite de l'Ame; Priscien, du VIe siecle, a ecrit sur toutes les parties
de la Grammaire. La Rhetorique a Herennius a fourni plusieurs passages
aux livres d'Abelard, et avant comme apres lui on a longtemps attribue a
saint Augustin deux traite sur les principes de la dialectique, et sur
les dix categories. Abelard avait certainement sous les yeux la
version des deux premiers traites qui composent l'Organon, celle
de l'Introduction de Porphyre et quatre ouvrages de Boece. Quant a
Priscien, Themiste, etc., on ne sait s'il les connait autrement que par
des citations. (Cf. ci-apres, l. II, c. i et iii.--_Recherches sur les
traductions d'Aristote_, par A. Jourdain.--Ouvr. ined. d'Ab., Introd.
p. xlix et 1; _Dialect._, p. 229.--Saint Augustin, _Op._, t. I,
append.--Tennemann, _Man. de l'Hist. de la Phil._, t. I, sec. 233.)]
A cet enseignement purement philosophique et qui n'etait ni sans
austerite ni sans secheresse, se melaient quelques digressions
litteraires,
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