8.)]
[Note 46: "Qui nondum nisi in physicis studuerat." (Ep. i, p. 8.)]
[Note 47: "Respondi non esse meae consuetudinis per usum proficere,
sed per ingenium." (Ep. I, p. 8.)]
Le vieux Anselme s'emut au bruit d'une telle temerite. La douleur et la
colere furent extremes. Comme Pompee, a qui Abelard le compare pour la
grandeur de son attitude et le neant de sa puissance, il voulut defendre
l'ombre de son autorite contre le jeune Cesar de la science[48]. Il
devint son ennemi et le combattit dans la theologie, comme avait fait
Guillaume de Champeaux dans la philosophie. Il se trouvait alors, dans
l'ecole de Laon, deux etudiants qui se distinguaient entre tous, Alberic
de Reims et Lotulfe de Novare. L'un d'eux, le premier, a laisse un nom
dans l'histoire litteraire[49]. Plus ils avaient de merite, plus ils
nourrissaient de grandes esperances, et plus ils devaient concevoir
d'aversion contre le nouveau venu. Ils circonvinrent le vieillard et
l'entrainerent a interdire a ce successeur inattendu la continuation de
ses lecons et de ses gloses, donnant pour motif que, s'il echappait a
son inexperience quelque erreur touchant la foi, on pourrait l'imputer
a celui dont il usurpait ainsi la place. La defense et le pretexte
exciterent parmi les ecoliers une indignation generale; ils crierent
a la jalousie, a la calomnie; ils dirent que jamais pareille chose ne
s'etait vue; et ce commencement de persecution ne fit qu'ajouter a la
gloire de celui qu'elle semblait signaler entre tous.
[Note 48: Abelard lui applique la _stat magni nominis umbra_ et
la comparaison de l'arbre que Lucain applique a Pompee. (Ep. I, p.
7.--Lucain, _Phars._, l. I.)]
[Note 49: Alberic de Reims, eleve de Godefroi, scolastique de cette
ville, se perfectionna sous Anselme de Laon, devint archidiacre et
ecolatre de l'eglise de Reims, et enfin archeveque de Bourges en 1130.
Il eut de la reputation comme professeur. Il etait aime de saint
Bernard. Lotulfe ou Loculfo le Lombard, ou, selon Othon de Frisingen,
Leutald de Novare, ami et condisciple d'Alberic, regit avec lui les
ecoles de Reims. On n'en sait rien de plus. (Johan. Saresb., Rec.
des Hist., i. XIV, p. 301.--Ou Fris. _Gest. Frid._, l. I, c.
XLVII.--Duboulai, _Hist. Universit._, Catal. ill. vir., t. II, p.
753.--_Hist. litt._ t. XII, p. 72.)]
Abelard revint aussitot a Paris. Toutes les ecoles, d'ou il avait ete
jadis expulse, lui etaient maintenant ouvertes; il y rentra en maitre et
occupa facilem
|