rant dans les salles
ou l'attendaient ses condisciples impatients, il fut accueilli par des
cris de victoire et d'allegresse.
[Note 30: "Non disputator, sed cavillator, plus joculator quam
doctor.... Quod pertinax esset in errore, et quod, si secundum se non
esset, nunquam acquiesceret veritati." (_Id. ibid._, p. 443.)]
[Note 31: On attribue a Alexandre, successeur de Gosvin au titre
d'abbe d'Anchin, ou plus exactement a deux moines qui l'avaient connu et
n'ecrivaient que huit ou dix ans apres sa mort, la biographie d'ou nous
extrayons ce recit. Elle a ete imprimee a Douai en 1620, et inseree
par fragment dans le _Recueil des Historiens des Gaules_. (T. XIV, p.
441-445.--_Hist. litt_., t. XIII, p. 605.)]
Quoi qu'on doive penser de cette anecdote, on ne voit pas que Gosvin
ait suscite contre Abelard une resistance ou une concurrence bien
formidable. Si ses amis vinrent le prier d'ouvrir ecole a son tour, il
n'osa le tenter a Paris, ou du moins sa tentative n'y a laisse nulle
trace. C'est a Douai, sa ville natale, qu'il parait avoir fonde un
veritable enseignement; et il devint, en 1131, abbe d'Anchin, en
attendant la canonisation, car on l'appelle saint Gosvin. Mais nous le
retrouverons plus tard.
Rien cependant n'arretait la marche ascendante d'Abelard. Du haut de sa
montagne, il devenait de fait le maitre des ecoles, et celui qui dans
la Cite en occupait la place n'etait plus qu'un vain simulacre sur une
chaire impuissante.
A ces nouvelles, Guillaume de Champeaux veut faire un dernier effort.
Il quitte les champs, il reparait; il ramene la congregation a
Saint-Victor; il rassemble tous ses partisans, comme s'il venait
delivrer dans l'ecole son soldat, sentinelle abandonnee. Ce retour
commenca par perdre ce triste remplacant; il avait encore quelques
auditeurs; on trouvait qu'il etait habile a expliquer Priscien, ecrivain
plus recommandable en grammaire qu'en philosophie. On l'abandonna; il
fut oblige de quitter sa chaire, et ses eleves retournerent a Guillaume
de Champeaux, qui lui-meme, desesperant de la gloire mondaine, sembla
de plus en plus se tourner vers la vie monastique. Cependant les hommes
secondaires ayant ainsi disparu, rien ne s'interposait plus entre
Abelard et Guillaume. Devant eux l'arene etait ouverte et libre, et le
combat s'engagea entre les deux ecoles, entre les deux maitres. Peut-on
demander quelle fut l'issue de la lutte? D'un cote etait l'esperance,
la nouveaute, la jeunesse. De l'aut
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