re litteraire_, et M. Cousin.
(_Ab. Op._, praefat., p. 3; Not., p. 1141.--Bayle, _Dict. crit._, art.
_Abelard_.) Il n'existe aujourd'hui personne du nom d'Abelard dans le
canton de Vallet ou le Pallet est situe, au temoignage de M. le juge de
paix du canton; mais le nom d'Abelard n'est point inconnu a Nantes comme
nom de famille, suivant MM. de la Jarriette et Demangeat.]
Cependant il avait concu l'idee de devenir maitre a son tour et de
regir les ecoles, idee hardie chez un etudiant qui sortait a peine de
l'adolescence[19]. Mais sur de sa force et confiant dans sa fortune, il
ne reculait devant aucune des ambitions de son orgueil. Il chercha un
lieu ou il put ouvrir un cours; il jeta les yeux sur Melun, ville alors
fort importante et qui etait un siege royal. Guillaume, le maitre qu'il
abandonnait, sentit le danger; quoiqu'il fut sur le point de renoncer a
sa chaire et de quitter le monde, il fit tous ses efforts pour empecher
l'etablissement d'une ecole nouvelle, ou du moins pour eloigner
davantage Abelard des murs de Paris. Il usa de secretes manoeuvres afin
de lui faire interdire le lieu ou on lui permettait de professer. Mais
le talent et la jeunesse trouvent aisement faveur et protection; le
vieux maitre avait des jaloux; il s'etait fait des ennemis parmi les
puissants de la terre; ils soutinrent son rival; la malveillance envers
Guillaume profita de l'odieux de celle de Guillaume envers Abelard; la
faveur du grand nombre prit ce dernier sous sa garde, et son voeu fut
realise, il eut une ecole. Tout cela se passait vers l'an 1102.
[Note 19: "Factum est ut ... ad scholarum regimen adolescentulus
aspirarem." (_Ab. Op._, ep. I, p. 4.) C'est une opinion assez generale
qu'il avait vingt-deux ans. (_Histor. Eccl. paris._ a G. Dubois, t. I.
l. XI, c. VII, p. 777.) L'impression que sa jeunesse avait produite
parait avoir dure au dela de sa jeunesse meme. On l'appela longtemps _le
jeune Palatin_; du moins trouve-t-on ce titre en tete de quelques uns
de ses manuscrits. Car c'est ainsi, je crois qu'il faut entendre _Petri
Abaelardi junioris Palatini summi peripatetici editio_, et non pas
_Abelard le jeune_, puisqu'Abelard n'est pas un nom de famille.
D'ailleurs il n'avait cede que ses droits d'ainesse et non son age. On a
propose de traduire: _le grand peripateticien moderne_. (Cousin, Ouvr.
ined. Introd. p. xiij.)]
Ce fut alors que son talent pour l'enseignement prit l'essor, et sa
renommee couvrit bientot et la reputa
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