._, ep. i, p. 5 et 6; Not., p. 1145.--_Vie
d'Abeillard_, par D. Gervaise, t. I, p. 22.--_Hist. litt. de la
France_ t. XII, art. _Hugues de Saint-Victor_, p. 3, et Gilduin, p.
476.--Dubois, _Hist. Eccl. paris._, loc. cit.--_Gallia Christ._, t. VII,
p. 656.)]
Tandis qu'il y parlait, entoure de ses nombreux eleves, il vit tout a
coup dans leurs rangs reparaitre Abelard qui venait, disait-il, entendre
ses lecons sur la rhetorique. Mais le disciple apparent ne tarda pas a
provoquer son maitre sur la question de philosophie qui preoccupait les
esprits. C'etait cette question fameuse et redoutee qui avait perdu
Roscelin. Sur les universaux, la doctrine de Guillaume de Champeaux
etait le contre-pied de celle du chanoine de Compiegne. Il professait le
realisme le plus pur et le plus absolu, c'est-a-dire qu'il attribuait
aux universaux une realite positive; en d'autres termes, il admettait
des essences universelles. Dans son systeme, tout universel etait par
lui-meme et essentiellement une chose, et cette chose residait tout
entiere dans les differents individus dont elle etait le fond commun,
sans aucune diversite dans l'essence, mais seulement avec la variete
qui nait de la multitude des accidents individuels. Ainsi, par exemple,
l'humanite n'etait plus le nom commun de tous les individus de l'espece
humaine, mais une essence reelle, commune a tous, entiere dans chacun,
et variee uniquement par les nombreuses diversites des hommes. Ainsi
du moins Abelard decrit la doctrine de son adversaire. Il l'attaqua
directement et la pressa d'arguments clairs et frappants. Si le genre,
disait-il, est l'essence de l'individu, si notamment l'humanite est une
essence tout entiere en chaque homme, et que l'individualite soit un
pur accident, il s'ensuit que cette essence entiere est en meme temps
integralement dans un homme et dans un autre, et que lorsque Platon est
a Rome et Socrate a Athenes, elle est tout entiere avec Platon a Rome,
et dans Athenes avec Socrate. Semblablement, l'homme universel, etant
l'essence de l'individu, est l'individu meme, et par consequent il
emporte partout l'individu avec lui; de sorte que lorsque Platon est a
Rome, Socrate y est aussi, et que quand Socrate est a Athenes, Platon
s'y trouve avec lui et en lui. La conduisait cette formule de Guillaume
de Champeaux que, dans les individus, la chose universelle subsistait
essentiellement ou dans la totalite de son essence[24].
[Note 24: _Ab. Op._, ep. 1, p. 6.--Ou
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