ment de vie assez eclatant, fit
sensation dans le clerge; on loua beaucoup la devotion et l'humilite
d'un homme qui renoncait pour la solitude a un poste eleve dans l'Eglise
de Paris, aux chances apparentes d'une fortune plus grande encore; enfin
a une position qui, suivant ses disciples, equivalait presque au premier
rang dans le palais du roi[21].
[Note 21: "Cum esset archidiaconus, fereque opud regem primus,
omnibus quae possidebat demissis, in praeterito pascha, ad quamdam
pauperrimam ecclesiolam soli Deo serviturus se contulit," dit un anonyme
qui ecrit un an apres l'avoir entendu et admire, _tanquam angelum_.
(_Rec. des Histor._, t. XIV, p. 279.) D'autres fixent la date de cette
retraite en 1109. (Crevier, _Hist. de l'Univ._, t. I, l. I, Sec.2.)]
Hildebert, celebre eveque du Mans, et dans la suite plus celebre
archeveque de Tours, lui ecrivit que c'etait la vraiment
philosopher[22]; mais il l'exhorta vivement a ne point renoncer a
ses lecons. Guillaume suivit ce conseil; sa nouvelle residence ne
l'eloignait point trop de Paris; sa nouvelle vie ne le sequestra pas du
monde savant. Dans sa retraite ouverte au public, il installa avec lui
la science, et il continua a faire des cours, inaugurant ainsi cette
grande ecole de Saint-Victor qui a joue un role important dans la
theologie et presque dans la religion[23].
[Note 22: "Hoc vere philosophari est." (Hildeb., episc. cenoman.,
ep. 1.--G. Dubois, _Hist. Eccl. paris._, t. I, l. IX, c. ix.)]
[Note 23: Guillaume de Champeaux ne fut donc pas precisement le
fondateur officiel de la congregation des chanoines reguliers de
Saint-Victor. On a meme conteste qu'il ait ete chanoine regulier,
quoique ce titre lui soit souvent donne, et qu'il ait au moins forme
dans cette maison une congregation temporaire, ce qu'Abelard appelle un
_conventicule de freres, un ordre de clercs reguliers_, qui put etre le
type et fut certainement l'origine de l'institution definitive. Avant
Guillaume, on pretend que la chapelle ou le prieure de Saint-Victor
etait desservi par des moines noirs, et dependait de la celebre
abbaye de Saint-Victor de Marseille, l'un et l'autre de la regle de
Saint-Benoit. En 1108, Guillaume s'etablit dans le prieure avec ses
disciples et en agrandit les batiments. En 1112, il devint eveque. En
1113, Louis le Gros changea le prieure en abbaye et remplaca, dit-on,
les moines noirs par des chanoines de Saint-Rufe de Valence. Le premier
abbe fut Gilduin. (Cf. _Ab. Op
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