ble _science de l'air_,
comme c'est en s'elancant sur la cime des vagues, que les navigateurs ont
cree la _science de l'Ocean_. Mais l'exemple des touristes aeriens ne
trouvait pas d'imitateurs; a leur grand regret, nul rival ne se presentait
a eux dans les hautes regions de l'air; aucun savant ne voulait risquer sa
fortune dans l'empire d'Eole!
Plus tard, nous attirions l'attention sur l'importance de l'organisation
d'un corps d'aerostiers pour les observations militaires; huit mois avant
la guerre, nous ecrivions les lignes suivantes: "L'Ecole aerostatique de
Meudon, supprimee dans un moment de mauvaise humeur, ne devrait-elle pas
etre reconstituee? Attendra-t-on qu'une guerre eclate pour former des
aeronautes, pour improviser des ballons? Ce serait une imprudence, une
folie des plus grandes, _car dans notre siecle, les guerres vont vite,
et le sort d'un empire pourrait bien avoir ete decide pendant qu'on
ajusterait ensemble les fuseaux d'un ballon_[2]!" Mais les paroles le plus
sensees n'entrent pas dans les oreilles volontairement fermees.
[Note 2: _Voyages aeriens_, page 556.]
Comment se rappeler sans un bien legitime etonnement que la France,
la veritable patrie des ballons, n'a jamais compte depuis Coutelle,
c'est-a-dire depuis 1794, la moindre ecole aerostatique ou des appareils
bien confectionnes auraient ete mis a la disposition des explorateurs
audacieux, vraiment epris de la navigation aerienne; que l'Observatoire de
Paris, dont le devoir est d'etudier les eclipses, les averses d'etoiles
filantes, n'a jamais eu l'idee, depuis Arago, de recourir aux nacelles
aeriennes pour faciliter les etudes de ce genre? Comment expliquer le
dedain des generaux de l'Empire pour les aerostats militaires, qui avaient
ete si efficacement employes, sous la premiere Republique, et pendant la
guerre d'Amerique?
Les infortunes ballons semblaient etre les parias du monde scientifique
et administratif! Les aeronautes qui avaient la passion des aventures
de l'air, ceux qui avaient la foi, rencontraient bien,--il y aurait
ingratitude a l'oublier,--quelques precieux appuis de la part d'hommes
eminents et eclaires, mais c'etait pour ainsi dire a l'etat d'exception.
Quand ils osaient demander d'utiliser le ballon _l'Imperial_, pour
faire des experiences serieuses et privees, le ministre de la Maison
de l'Empereur se gardait bien de confier a qui que ce fut le materiel
aerostatique de l'Empire; il preferait le laisser moisir, sans
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