ux accourent en foule, j'ai un
bras foule, une bosse a la tete, mais je descends du ciel en pays ami!
Ah! quelle joie j'eprouve a serrer la main a tous ces braves gens qui
m'entourent. Ils me pressent de questions.--Que devient Paris? Que
pense-t-on a Paris? Paris resistera-t-il? Je reponds de mon mieux a ces
mille demandes qu'on m'adresse de toutes parts.--Je prononce un petit
discours bien senti qui excite un certain enthousiasme.--Oui, Paris
tiendra tete a l'ennemi. Ce n'est pas chez cette vaillante population que
l'on trouvera jamais decouragement ou faiblesse, on n'y verra toujours que
tenacite et vaillance. Que la province imite la capitale, et la France est
sauvee!
Je degonfle a la hate le _Celeste_, faisant ecarter la foule par quelques
gardes nationaux accourus en toute hate. Une voiture vient me prendre,
m'enleve avec mes sacs de depeches et ma cage de pigeons. Les pauvres
oiseaux immobiles ne sont pas encore remis de leurs emotions!
En descendant sur la place, plus de cinquante personnes m'invitent a
dejeuner, mais j'ai deja accepte l'hospitalite que m'a gracieusement
offerte le proprietaire de la voiture. Mon hote a lu par hasard mon nom
sur ma valise, il a reconnu en moi un des voisins de son associe de la rue
Bleue. Je mange gaiement, avec appetit, et je me fais conduire au bureau
de poste avec mes sacs de lettres parisiennes.
Je les pose a terre, et je ne puis m'empecher de les contempler avec
emotion. Il y a sous mes yeux trente mille lettres de Paris. Trente mille
familles vont penser au ballon qui leur a apporte au-dessus des nuages la
missive de l'assiege!
Que de larmes de joie enfermees dans ces ballots! Que de romans, que
d'histoires, que de drames peut-etre, sont caches sous l'enveloppe
grossiere du sac de la poste!
Le directeur du bureau de poste entre, et parait stupefait de la besogne
que je lui apporte. Je vois son commis qui ouvre des yeux enormes en
pensant aux trente mille coups de timbre humide qu'il va frapper. Il n'a
jamais a Dreux ete a pareille fete. On en sera quitte pour prendre un
supplement d'employes; mais la besogne marchera vite: le directeur me
l'assure. Quant au petit sac officiel, je vais le porter moi-meme a Tours,
par un train special que je demande par telegramme.
Qu'ai-je a faire maintenant? A lancer mes pigeons pour apprendre a mes
amis que je suis encore de ce monde, et pour annoncer que mes depeches
sont en lieu sur. Je cours a la sous-prefecture, ou j'ai
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