s de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours, qui, droite
comme un I, est perchee sur le rocher..., et cette chapelle,--nous l'avons
remarque a terre,--est precisement situee sur la ligne qui conduit de
Rouen au centre de Paris!
Mon emotion est si vive, ma joie si grande, que j'en ai la respiration
momentanement arretee. Quant a mon frere, il regarde, ebahi comme moi, le
clocher dont la pointe aigue apparait, comme le merveilleux jalon place
sur le bord de la route. Tous deux immobiles, silencieux, suspendus dans
l'immensite celeste, nous avons la meme pensee; la meme esperance fait
battre nos coeurs! Notre imagination nous ouvre, dans le lointain,
l'imposant tableau de la capitale assiegee; elle fait tomber a nos yeux la
muraille de brume, immense toile de fond qui nous cache l'horizon.
Derriere ce rideau de vapeurs se dressent l'enceinte des forts herisses
de canons, la ligne des bastions de Paris couverte de combattants; c'est
comme une apparition feerique qui surgirait au milieu des nuages....
La-bas sont nos amis, nos freres, prets a mourir pour la patrie; ils nous
apercoivent dans le ciel; ils tendent les bras avec attendrissement vers
la nacelle aerienne qui leur apporte la consolation avec l'esperance,
comme la colombe au rameau beni!
* * * * *
Il est midi. Le soleil est au zenith. Il y a bientot une heure que le
_Jean-Bart_ plane au-dessus des nuages, nous n'avons pas encore perdu de
vue la ville de Rouen. Nous marchons dans le bon chemin, mais avec une
lenteur desesperante! Le ciel au lieu de s'eclaircir se couvre partout
d'une brume epaisse qui parait s'abaisser lentement vers la terre, comme
un immense couvercle de vapeurs. Mon frere observe attentivement la carte
et la boussole pour trouver notre route au milieu des detours de la Seine.
Je ne quitte pas de vue mon barometre, dont l'aiguille tourne rapidement
autour de son cadran. La descente est rapide, le _Jean-Bart_, au milieu
de la brume, s'est couvert d'humidite qui charge ses epaules. Je vide
par dessus bord un demi-sac de lest, nous remontons bientot a deux mille
metres de haut.
Le ballon est plonge au milieu d'un brouillard fonce, si epais qu'il
disparait a nos yeux. Il ne faut pas songer non plus a distinguer la terre
noyee sous une brume epaisse; impossible de suivre de l'oeil les contours
de la Seine, precieux points de repere echelonnes sur notre route. Nous
laissons l'aerostat descendre bientot pour c
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