sance, il me
parle aussi de mon frere, dont un de ses voyageurs lui a fait le plus
grand eloge. Il me questionne longuement sur l'usage des ballons captifs,
et approuve l'emploi des aerostats dans la guerre. Le general est un
marin, homme de progres, d'initiative, il comprend l'importance de ces
appareils merveilleux, qui peuvent si bien observer les mouvements de
l'ennemi du haut des airs.
--Je serai tres-desireux d'assister a des experiences preliminaires,
gonflez au Mans un de vos aerostats, je verrai le parti que l'on peut
tirer des ascensions captives. Du reste, je ne puis prendre encore aucune
decision, car le camp de Conlie forme une reserve ou les Prussiens ne
viendront pas, et les plans de l'ennemi ne sont pas encore connus. Mais
attendez patiemment; les occasions ne vous manqueront pas de vous rendre
utiles.
Nous ne tardons pas a faire tous les preparatifs necessaires a l'execution
de nos ascensions captives. Je me charge de surveiller le transport du
ballon au lieu de gonflement situe pres de l'usine, sur les bords de
la Sarthe. Mon frere rend visite au prefet, au maire, pour obtenir les
requisitions de gaz. Revilliod, Bertaux, Poirrier, vont a l'intendance
pour demander une tente ou nos marins pourront passer la nuit aupres de
l'aerostat.
_Samedi 17_.--On commence le gonflement de la _Ville de Langres_, mais les
provisions de gaz de l'usine ne sont pas tres-abondantes. Impossible
de remplir entierement le ballon. Par bonheur, le temps est favorable,
l'aerostat, charge de sacs de lest, dresse son hemisphere superieur
au-dessus du sol, l'operation sera terminee demain.
_Dimanche 18_.--A midi, l'aerostat est plein. La nacelle est attachee
au cercle, il ne reste plus qu'a essayer le materiel par une premiere
ascension.
Le systeme que nous employons est extremement simple. Le cercle du ballon
est muni, aux extremites, d'un axe en cordage, de deux cables d'une
longueur de 400 metres. Chaque cable s'enroule dans la gorge d'une poulie
fixee a un plateau de bois, que l'on remplit de pierres, et qui forme
ainsi un point d appui fixe. Des hommes, au nombre de vingt-cinq, tiennent
chacune des cordes, qu'ils laissent glisser dans la poulie quand le ballon
s'eleve. En la tirant a eux, ils font descendre l'aerostat.
Le temps est tres-calme et la premiere ascension s'execute dans les
meilleures conditions. Je m'eleve a une hauteur de 300 metres. L'aerostat
plane au-dessus de la Sarthe et s'y reflete comme dans
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