ation!
C'en est trop cette fois! Des larmes abondantes me mouillent les yeux! Je
viens d'assister au succes que l'on a appris a l'avance aux habitants de
Paris!
Nous retournons a l'_hotel de France_, dire a nos collegues, Bertaux et
Poirrier, de faire leurs paquets. Sur la place, on saupoudre avec de la
cendre les paves rendus glissants par la gelee; c'est pour faciliter le
passage de notre artillerie. Des troupes defilent deja et se replient.
Mais les habitants, toujours confiants, croient a un mouvement
strategique. Ils ne se doutent pas que c'est la debacle qui commence!
A 1 heure nos fourgons de ballons sont accroches a un train, il y a encore
en gare deux ou trois cents voitures de munitions et de vivres. Aura-t-on
le temps de les faire partir?
Le train se met en marche au milieu d'un encombrement indescriptible. Par
surcroit de malheur, la neige a colle les roues contre les rails, et on
a toutes les peines du monde a faire glisser les wagons. Nous avancons
lentement, le train passe sur le pont de la Sarthe, de chaque cote
des masses humaines se pressent et rentrent en ville. Les routes sont
couvertes de voitures, de canons, de fourgons, de soldats qui se heurtent
pele-mele; c'est un chaos indescriptible.
Au moment ou nous quittons le Mans, des obus tombent sur la gare!
A 7 heures du soir, notre train s'arrete a une lieue de Laval. Il y a
sur la voie, dix trains qui stationnent avec le notre. Nous laissons nos
ballons a la garde de deux marins, et nous entrons a pied a Laval.
_Vendredi 13_.--Nous allons a la mairie, chercher des billets de logement
pour nous et nos hommes d'equipe.
Dans la journee nous recevons des nouvelles du Mans. La ville a ete prise
une heure apres notre depart. L'arriere-garde francaise s'est battue
sur la place des Halles. Il y a 10,000 Francais faits prisonniers. Les
Prussiens se sont empares a la gare de deux cents fourgons, et de trois
machines a vapeur. Les derniers trains n'ont pas pu marcher, car la voie
etait encombree par les troupes en debacle.
Le train qui est parti apres le notre a 1 heure 30, a ete crible d'obus,
et plusieurs hommes ont ete tues. Pour surcroit de malheurs, il a deraille
a 5 kilometres de Laval. Il y a eu 13 voyageurs ecrases dans les fourgons.
Cette journee est decidement riche en nouvelles horribles. Le ballon le
_Kepler_ vient de tomber aux portes de Laval. Il donne d'epouvantables
details sur le bombardement de Paris.
Il parait d'autre
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