e loin un
navire..., jusqu'au dernier moment il espere le salut!
Pauvre Prince, brave marin, tu as perdu la vie pour ton pays, l'histoire
enregistrera ton nom--ainsi que celui de Lacaze qui est mort comme toi, au
milieu de l'Ocean--sur la liste des hommes de coeur, qui dans les moments
supremes savent noblement mourir pour la patrie!
VOYAGE DE BELLE-ILE-EN-MER.
32e Ascension. _30 novembre_.--Le _Jules Favre_ (2,000 met.
cub).--Aeronaute: Martin, negociant.--Passager: M. Ducauroy.
Depeches: 50 kil. Pigeons: 10.
Depart: gare du Nord, 11h. 30 soir.
Arrivee: Belle-Ile-en-Mer.
Le _Jules Favre_, parti quelques minutes apres le _Jacquard_, a echappe
d'une maniere vraiment miraculeuse au sort de ce dernier ballon.
Le recit suivant a ete envoye le 2 decembre au _Phare de la Loire_, il
donne les episodes de ce voyage dramatique:
"Nous sortons a l'instant et profondement emus de la chambre ou est ne
le general Trochu, et ou sont etendus sur leur lit de douleur les deux
aeronautes qu'un hasard providentiel a jetes sur notre ile, point perdu
de l'Ocean, et il est hors de doute que sur mille cas semblables, pas un
ballon n'echapperait aux vagues, par le vent d'est qui pousse vers la
grande mer. Nous avons eu l'honneur de serrer la main a ces braves enfants
de Paris qui apportent a la France l'espoir et meme la certitude de sa
delivrance prochaine. Un de ces messieurs, le moins contusionne, a bien
voulu nous raconter les peripeties emouvantes du voyage.
"Parti a minuit de Paris, le _Jules Favre_ s'eleva a 2,000 metres,
apercevant distinctement les feux prussiens. Ils rencontrerent une couche
d'air chaud et tellement calme, qu'ils croyaient faire a peine une lieue
a l'heure. L'appareil electrique qui devait les eclairer n'ayant pu
fonctionner, ils ne purent savoir quelle direction suivait le ballon, et
comme le vent etait nord au moment de leur depart, ils etaient persuades
aller vers Lyon. Sans s'en douter, ils etaient dans un courant violent qui
les poussait de l'est a l'ouest. "Vers six heures, ils approchaient de la
mer. Ils apercurent alors la petite ile d'Hoedic, voisine de Belle-Ile de
quatre lieues. Sur cette ile est un fort, qui fit croire a ces Messieurs
qu'ils etaient sur une ile de la Marne ou de la Seine, tant le ballon
leur paraissait immobile. J'ai omis de dire que jusque-la ils s'etaient
toujours trouves au-dessus d'un epais brouillard.
"Bientot ils apercevaient la mer, qu'un bruit confus leur avait f
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