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contre terre. Quand on passait la on voyait les poteaux brises, les fils
visiblement casses. On ne soupconnait pas qu'ils etaient reunis par des
conducteurs presque invisibles. Mais il fallait pour reussir completement
recommencer l'oeuvre de reparation sur d'autres points. Malgre leur
audace, leur habilete, MM. de Janvelle et Forivon n'ont pu mener a bonne
fin l'entreprise si ingenieuse qu'ils avaient si bien commencee.
LES CHIENS FACTEURS.
N'oublions pas de mentionner le projet de M. Hurel, qui est parti en
ballon avec cinq chiens destines a revenir a Paris. C'etaient de
gros chiens bouviers, de bonnes betes, a l'oeil franc, a la figure
intelligente. Ils etaient fort robustes, et ne se seraient pas embarrasses
de devorer un Prussien. Le proprietaire de ces animaux affirmait qu'ils
sauraient rentrer dans la capitale d'ou ils etaient sortis; on leur aurait
attache quelques depeches entre les deux cuirs d'un collier.
Les chiens ont ete lances, mais on ne les a jamais revus. L'experience n'a
pas ete renouvelee, car peu de temps apres le voyage de M. Hurel et de ses
courriers a quatre pattes, l'armistice est venu mettre un terme au siege
de Paris.
L'entreprise aurait-elle reussi une seconde fois? Il est permis d'en
douter. Certains chiens font de grands voyages, s'orientent, reviennent au
logis, mais ils en sont partis pedestrement, ils ont examine la route. En
feraient-ils de meme apres un voyage en ballon? Auraient-ils l'instinct
des pigeons voyageurs?
DIRECTION DES AEROSTATS.
Depuis le jour de leur naissance, les ballons n'ont guere fait de progres.
Quand les Montgolfier lancerent dans l'espace un des premiers navires
aeriens, Franklin, qui assistait a l'experience, s'ecria comme on le
consultait sur cette decouverte: "C'est l'enfant qui vient de naitre!"
L'illustre philosophe faisait ainsi entendre que l'enfant, d'abord faible,
deviendrait homme et puissant. L'enfant n'a pas grandi. Mais il faut
avouer que son education a ete singulierement negligee. Il a couru les
fetes publiques, et s'est perdu dans les foires. Depuis cinquante ans, il
est peu de savants qui aient etudie serieusement la navigation aerienne.
M. Henry Giffard, un de nos ingenieurs les plus distingues, eut l'honneur
d'executer, en 1852, la premiere ascension faite dans un ballon de forme
allongee, muni d'une helice mise en mouvement par une machine a vapeur. Un
de nos plus eminents publicistes le designa alors sous le nom du Fulton
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