our chacun d'eux a quelques centaines de francs par jour.
Qu'est-ce qu'une semblable depense pour une armee, qui coute des millions
par jour?
Pour que l'organisation des ballons militaires soit efficace, il serait
de toute necessite de creer une ecole aerostatique, ou l'on formerait des
aerostiers, car il en est de la manoeuvre du ballon, comme de celle du
canon. On n'improvise pas des aeronautes, pas plus que des artilleurs.
Dans cette ecole, on exercerait les hommes d'equipe et les chefs
aerostiers, au gonflement des aerostats, a leur transport d'un point a un
autre. Des officiers d'etat-major seraient inities aux ascensions captives
et libres, ils exerceraient leurs yeux a bien voir du haut des airs, art
tres-complique qui necessite une longue pratique.
Les eleves de l'ecole aerostatique apprendraient aussi a construire des
ballons; on les enverrait plus tard, en temps de guerre, dans les places
assiegees, et ils ne seraient plus embarrasses pour construire des ballons
messagers de grandes dimensions, ou de petits aerostats libres en papier.
Mais nous n'avons pas l'intention de tracer ici un programme complet, et
sans parler davantage des ballons d'observations militaires, nous voulons
dire quelques mots des aerostats incendiaires.
Le procede qu'ont employe les Autrichiens au siege de Venise est
evidemment celui qui offre la plus grande chance de succes dans la
pratique. Rien n'est plus simple que d'attacher a un ballonneau libre,
un obus fixe a un fil de fer, muni d'une meche combustible, qui brule
lentement, et arrive a enflammer l'aerostat au bout d'un temps determine.
Le ballon brule, l'obus tombe. Si l'on attaque une ville, une place
forte que l'on cerne, on trouvera toujours sur un point de la ligne
d'investissement un vent favorable, poussant un aerostat vers l'enceinte
assiegee. On lancera quelques ballons d'essai avec des corps pesants
inoffensifs, pour s'assurer de la vitesse du vent, du temps que l'aerostat
met a parcourir pour passer au-dessus de l'ennemi. Si l'on voit qu'un
premier ballon n'arrive a traverser la ville assiegee que cinq minutes
apres son ascension, on a les conditions necessaires au succes du
bombardement; on fixe les bombes successivement a cent ou deux cents
ballonneaux, on munit ceux-ci de meches d'une longueur determinee
qui brulent entierement en cinq minutes, et qui ne peuvent enflammer
l'aerostat que lorsque leur combustion va s'achever. Ces meches sont
preparees a l'avance;
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