le point de mire des ennemis,
ils lui lanceront une pluie de balles et de mitraille, et finiront
certainement par l'abattre.
N'oublions pas que l'aerostat captif, a 200 metres de haut, et a une
distance de 1,500 metres des feux ennemis, n'est pas un point de mire
facile a atteindre; car la hauteur a laquelle il plane rend le tir du
canon contre lui presque impossible. Quant aux balles de fusil, il ne les
craint pas a cette distance. S'il etait surpris par un detachement ennemi,
et qu'il se trouvat perce de quelques trous de balles, il perdrait
rapidement du gaz, et ne pourrait certainement plus continuer ses
operations, mais la vie des observateurs ne serait pas compromise pour si
peu. Si les aeronautes etaient menaces d'etre faits prisonniers dans un
cas de panique, ils auraient la ressource de couper leurs cordes et de
faire une ascension libre. Enfin, si par malheur un obus atteignait
l'aerostat, et y mettait le feu, les observateurs seraient, cette fois,
bel et bien perdus, mais pour ce cas particulier, nous n'aurons qu'a
dire avec un brave officier qui defendait autrefois la cause des ballons
militaires: "Au pis-aller, on sauterait, et cela n'arriverait pas tous
les jours. Ce sont des desagrements dont il est difficile de s'affranchir
absolument a la guerre."
Dans le cas ou les mouvements de l'armee, pendant le combat, rendent
necessaire de porter les ballons d'observation, soit en avant, soit en
arriere, n'oublions pas qu'ils sont tres-facilement transportables. Avec
une equipe experimentee, bien rompue aux manoeuvres, les aerostats se
deplaceraient avec une grande rapidite. Nous pouvons affirmer que
dans tout ce que nous venons d'exposer sur l'organisation des ballons
militaires, il n'y a rien qui ne soit parfaitement pratique, rien qui ne
puisse se realiser avec les plus grandes chances de succes. Or, etant
donnee cette possibilite--que nul aeronaute ne mettra en doute,--de
transporter a l'avance des ballons, au milieu des lignes d'une armee,
nous avons la persuasion que pas un militaire experimente ne pourra nier
l'efficacite d'observatoires qui lui ouvrent, a 200 metres de haut, le
panorama d'un champ de bataille.
Quant a la depense que necessiterait une telle organisation, elle est
presque insignifiante. Les trois ballons de soie d'un corps d'armee ne
couteraient pas plus de cent mille francs avec tout leur materiel. Les
frais de retribution de l'equipe, les frais de preparation du gaz,
s'eleveraient p
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