ballons pendant la
guerre, sous un tout autre aspect. Il songea a organiser des postes de
ballons captifs pour etudier les mouvements de l'ennemi, pour surveiller
du haut des airs ses allures et ses changements de position. Guyton de
Morveau n'etait pas un esprit ordinaire, il s'etait signale deja par de
remarquables travaux en chimie; homme de science, il s'eprenait de tout
ce qui touche a la veritable investigation scientifique; il n'avait pas
laisse passer aupres de lui la decouverte des Montgolfier, sans y fixer
ses regards; il s'etait familiarise avec l'aerostation par de nombreuses
ascensions, executees a Dijon.--Guyton de Morveau avait ete nomme
representant du peuple a la Convention nationale; il venait d'etre choisi
par le Comite de salut public, avec Monge, Berthollet, Carnot et Fourcroy,
comme membre d'une commission destinee a faire servir aux besoins de la
guerre les recentes decouvertes de la science.
Guyton de Morveau proposa d'organiser, pour l'armee, des aerostats
d'observation militaire. Sa proposition fut immediatement acceptee par
le Comite de salut public. On marchait vite a cette epoque, et tous les
moyens que suscitait l'esprit scientifique pour la defense du sol de la
Republique, etaient mis en action avec la plus etonnante promptitude.
On ne se payait pas de mots, mais d'actes energiques; on avait a lutter
contre toute l'Europe coalisee!
La seule condition qui fut imposee a Guyton de Morveau, c'etait de
preparer l'hydrogene destine a gonfler ses ballons sans employer d'acide
sulfurique fabrique avec le soufre, dont on avait besoin pour faire de la
poudre. Lavoisier venait de decouvrir un nouveau mode de preparation de
l'hydrogene, par l'action du fer chauffe au rouge sur la vapeur d'eau.
Guyton de Morveau ne perd pas son temps, il court au laboratoire de
Lavoisier, fait un essai en grand, qui reussit; il communique ce resultat
important au Comite de salut public qui l'encourage dans ses essais.
Aussitot, le celebre chimiste s'adjoint un physicien distingue, nomme
Coutelle, qui etait connu a Paris par le beau cabinet de physique qu'il
avait organise avec toutes les ressources de la science actuelle.
Coutelle fait fabriquer a la hate un aerostat de 9 metres de diametre, il
etudie les vernis, les conditions d'une bonne fabrication. Le Comite de
salut public l'installe aux Tuileries dans la salle des marechaux, ou il
construit un grand fourneau, muni d'un long tube de fonte au milieu duquel
la
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