ouveraient encore le moyen de se rencontrer pour se
battre entre eux.
La guerre a existe hier; elle existera demain. Notre malheureux pays a
succombe dans une lutte recente et effroyable, mettons tout en oeuvre
pour qu'il triomphe quand l'heure de la revanche aura sonne. Les hommes
competents se chargeront des graves problemes de la reorganisation
militaire, de la fabrication des engins meurtriers, des canons, des
mitrailleuses. Tout cela est une besogne hideuse qui repugne a un peuple
civilise, personne n'en disconviendra, mais etant donne ce fait qu'il faut
se battre, tachons au moins d'etre les plus forts et les plus habiles.
Dans notre humble et modeste sphere d'aerostation, nous avons acquis
quelque experience, par une pratique vraiment assidue qui nous permettra
peut-etre d'indiquer, avec quelque efficacite, les ressources que les
ballons peuvent fournir a la guerre. Les aerostats du siege de Paris ont
bien amplement prouve les immenses avantages que la navigation aerienne,
telle qu'elle est, avec toutes ses imperfections, est capable d'offrir a
une place assiegee; mais nous croyons etre en droit d'affirmer que les
ballons sont appeles a rendre des services plus grands encore, si on les
utilise comme moyens d'observation militaire, et meme dans certains cas
comme engins de destruction, en leur confiant la mission de lancer sur
l'ennemi des bombes incendiaires. Toutefois, avant d'etudier ce qu'on
pourrait faire, il est utile d'examiner ce qui a ete fait, et de passer
rapidement en revue les experiences executees dans le passe.
LES AEROSTIERS MILITAIRES DE LA PREMIERE REPUBLIQUE.
En 1793, lors du siege de la ville de Conde, le commandant Chanal,
homme d'action et d'intelligence, enferme dans la place-forte investie,
cherchait a tout prix a donner de ses nouvelles, a envoyer des depeches au
colonel Dampierre, qui commandait une division francaise hors des lignes
d'investissement. Il recourut aux ballons. Il fit construire un aerostat
de papier qu'il lanca en liberte dans l'espace, avec un petit paquet de
depeches. L'appareil tomba juste au milieu du camp ennemi, et fournit au
prince de Cobourg des renseignements sur la situation de la forteresse.
Un tel debut n'etait pas d'heureux presage pour la fortune future des
aerostats messagers! Mais ce fait isole passa inapercu; pendant que le
commandant Chanal tentait cette experience, le celebre chimiste Guyton de
Morveau envisageait l'usage qu'on pouvait faire des
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