trouverait
des amateurs. Les pigeons du siege ne doivent pas etre delaisses; ne
meritent-ils pas au moins les honneurs que l'ancienne Rome ne refusait pas
aux oies du Capitole?
LES PIETONS.
Le fait de l'investissement complet de Paris par l'armee prussienne
restera dans l'histoire comme un grand sujet d'etonnement. L'esprit
francais, leger, superficiel, est ainsi fait qu'il admet sans controle les
illusions de sa vanite nationale, et qu'il est toujours pret a
accepter comme un axiome, un fait douteux qui flatte ses sentiments
patriotiques.--Si quelqu'un avait dit le 16 septembre que l'armee
allemande allait bloquer Paris, il se serait fait echarper sur les
boulevards.--Mais, Monsieur, il est impossible de cerner Paris. Tout le
monde le dit. Demandez au genie militaire!
Tout au commencement de l'arrivee de l'armee prussienne, des voitures de
la poste se rendaient jusqu'a Triel. Les conducteurs raconterent qu'ils
avaient ete arretes en route par un poste bavarois. A leur grand
etonnement, les soldats les accueillirent bien et leur demanderent des
cigares. Un officier s'ecria a leur vue qu'il etait presque Parisien de
coeur, quoique Allemand d'origine, et qu'il avait fait ses etudes au
quartier Latin. Il laissa passer les voitures de la poste. Mais cet etat
de choses ne dura pas, et bientot la consigne prussienne fut observee
partout avec la plus stricte severite.
A partir du 21 septembre, on s'apercut qu'un homme si resolu, si habile
qu'il fut, ne pouvait plus traverser les lignes ennemies.
La Prusse venait de nous reserver cette nouvelle surprise!
Le service des pietons destines a forcer les lignes ennemies pour
rapporter ensuite des nouvelles de province, n'en fut pas moins organise
par l'administration des postes. Ce n'est ni le devouement, ni le courage
qui firent defaut, mais malgre la multiplicite des essais, le nombre des
reussites est peu considerable.
Sur 28 pietons envoyes le 21 septembre, un seul, le facteur Brare, put
se rendre a Saint-Germain et y livrer a un fonctionnaire francais ses
depeches pour Tours, apres avoir ete momentanement garde a vue par
les soldats allemands. Deux autres employes des postes furent faits
prisonniers ce jour-la meme, leurs depeches furent prises, et ils durent
rebrousser chemin vers Nanterre. Le facteur Poulain, parti de Paris a la
meme epoque, n'est jamais reparu.
"Sept pietons envoyes le 22 et le 23 septembre furent faits prisonniers,
mais, sur 4 hommes expe
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